LGBTphobieTémoignage : « J'ai voulu montrer la violence de l'homophobie »

Par Christophe Bougnot le 23/01/2016
homophobie

Dans la nuit du 10 au 11 novembre 2015, Clément et son compagnon Aaron sont violemment agressés par six hommes à la sortie d'une discothèque gay, près de Montpellier. Le lendemain, Clément publie sur Facebook une photo de lui, blessé mais souriant, et devient l'emblème des jeunes gays victimes de l'homophobie et de la violence.

« Je n'oublierai jamais la peur que j'ai ressentie cette nuit-là, en voyant Aaron étalé sur le sol, la tête en sang. Mon premier réflexe, à l'hôpital, a été de l'étreindre et de lui dire que je l'aimais très fort. Aaron se repassait la scène dans sa tête en imaginant comment il aurait pu se défendre mieux. Je lui ai dit qu'on ne pouvait rien changer à ce qui s'était passé.

La photo de Clément fait le tour du web !

Le lendemain, j'étais très en colère et je voulais montrer à mes agresseurs l'idiotie de l'acte qu'ils avaient commis. Sans réfléchir, je me suis pris en photo, portant encore mon tee-shirt blanc tâché de sang, avec le visage tuméfié mais souriant. J'ai posté le cliché sur Facebook et je l'ai accompagné d'un message qui venait tout droit du coeur.
Capture Facebook message Clément Buzz
Je ne pensais pas que les choses allaient prendre une telle ampleur. Mon post a été liké plus de 190 000 fois et partagé par 40 000 personnes ! Pour dénoncer parfois sur Facebook les maltraitances subies par les animaux, je sais que les photos attirent plus l'attention que des longs discours. Il faut quand même fixer certaines limites à la violence visuelle.

Des centaines de messages de soutien

Je n'aurais jamais imaginé, après notre "mésaventure", recevoir autant de messages de compassion et de soutien de la part d'hommes et de femmes de tous âges, de toutes orientations sexuelles (même des hétéros qui ne comprenaient pas notre attirance l'un pour l'autre), des dessins d'enfants, des lettres de toutes les régions. Nous avons été énormément touchés. Je ne voulais pas spécialement m'exposer, mais Aaron et moi nous sommes dits qu'il fallait absolument que notre histoire serve à d'autres.
dessin de soutien à Aaron et Clément

Un élan de solidarité suite à l'agression

Quelques jours après les attentats de Paris et après plusieurs articles nous concernant dans les médias, une marche pour la paix et "contre tous les propagateurs de terreur" a été organisée à Montpellier. Nous avons été soutenus par les premiers mariés gays de France, plusieurs associations LGBT et de nombreux habitants de la région ! Ce jour-là, notre combat est devenu celui de toutes les victimes de violences. Un mois plus tard, la photographe artistique Albane Brunel m'a proposé de recréer mes blessures avec du maquillage pour son projet d'illustration de la souffrance. J'ai pu extérioriser mes émotions et tirer un trait définitif sur les souvenirs négatifs de notre agression.

Le combat contre l'homophobie continue !

Même si la vie a repris son cours aujourd'hui, je continue de recevoir énormément de messages de jeunes gays mal dans leur peau ou angoissés à l'idée de "sortir du placard". J'essaie toujours de leur répondre et de les conseiller comme je peux car l'homophobie existe encore partout ! Aaron et moi venons d'accepter de participer à un film intitulé "L'alliance", dont l'équipe cherche actuellement des financements. Mon histoire aura permis d'ouvrir les consciences, c'est un mal pour un bien. »