Trump-Pence : le ticket perdant pour les LGBT

Par Alexis Buisson le 22/07/2016
Trump Pence ticket perdant LGBT

Trump est un enfant de choeur à côté de son co-listier, Mike Pence, lequel est à l'origine d'une des lois les plus homophobes du pays.

“Je suis chrétien, conservateur et républicain”. Mercredi, c’était soirée Mike Pence à Cleveland. La gouverneur de l’Indiana a officiellement accepté la nomination du parti comme co-listier de Donald Trump, devant plusieurs dizaines de milliers de républicains debout scandant “Mike”, “Mike”, “Mike”. L’attelage qu’il forme avec le milliardaire est contre-nature: l’un est connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce; l’autre est calme et mesuré. L’un n’a jamais fait de politique; l’autre, un ancien démocrate passé dans l’autre camp, s’est hissé à la tête de l’Indiana après avoir passé douze ans au Congrès.
Sur la question LGBT aussi, les deux hommes différent. Alors que Trump a multiplié les signes d’ouverture envers les gays et les lesbiennes, Mike Pence est un conservateur pur sucre. Anti-avortement notoire, il est opposé au mariage gay et aux unions civiles, à la loi Don’t Ask Don’t Tell qui autorise les LGBT à servir ouvertement dans l’armée, ainsi qu’à la loi Matthew Shepard reconnaissant les crimes de haine sur la base de l’orientation sexuelle. Il est surtout le papa du RFRA, une loi controversée qu’il a ratifiée l’an dernier. La “Religious Freedom Restoration Act” permet aux particuliers et aux entreprises de se défendre au tribunal contre les accusations de discrimination en affirmant que l’exercice de leur foi a été violé. En d’autres termes, un restaurant, un magasin ou tout autre prestataire de service privé peut refuser de servir les LGBT au motif que cela contrevient à leurs croyances, sans peur d’être punis. Le passage de la loi a provoqué un tollé dans l’Indiana et au-delà. Plusieurs grandes entreprises qui envisageaient de s’implanter dans l’État ont suspendu leur projet. Et une coterie de patrons, de sportifs et d’hommes politiques démocrates et républicains ont condamné le texte. Face à la fronde, ce dernier a toutefois fait l’objet de révisions pour protéger les LGBT.
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A côté, Donald Trump passe pour un ange. Certes, il n’est pas Hillary Clinton. Mais il ne cache pas ses amitiés avec des homosexuels. En revanche, il est moins à l’aise sur la question du mariage. Se décrivant comme une personne “traditionaliste” (mariée trois fois, tout de même), il a laissé planer le doute, laissant entendre qu’il “évoluait” sur la question. Lorsque la Cour suprême a légalisé le mariage des homosexuels l’an dernier, Trump a dit qu’il ne chercherait pas à revenir sur le jugement directement, mais qu’il envisagerait “fortement” de nominer des juges à la Cour qui pourraient le changer. Mêmes contorsions sur les transsexuels. Lors d’une émission le 21 avril, il a condamné la “Bathroom Bill” (“Loi toilettes”) de la Caroline du Nord qui obligeait chacun à utiliser les toilettes de son sexe biologique. Mais quelques heures plus tard, sur Fox News, Trump a dit que la décision devait revenir aux villes et aux États. “Je le pense très fort”.
Pour Trump, la sélection de Pence permet de rassurer la base conservatrice du parti, qui voyait d’un mauvais oeil le milliardaire de New York, moins radical que ses collègues républicains sur la question de la sécurité sociale ou de l’avortement par exemple. “Trump est le candidat de plus pro-gay de l’histoire du parti, selon Greg Angelo, président du groupe de républicains LGBT Log Cabin Republicans rencontré dimanche à Cleveland. Son choix d’un co-listier conservateur peut susciter des inquiétudes, mais Mike Pence fera moins de dommage dans le rôle symbolique de vice-président que dans celui de gouverneur de l’Indiana”.
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