Chéries-ChérisPalmarès Chéries-Chéris : Histoires de nos vies

Par Julie Baret le 23/11/2016
Chéries Chéris

Le festival Chéries-Chéris a couronné hier soir sept films qui représentent la diversité du cinéma LGBT mondial. Certains sortent bientôt en salles.

Avant la diffusion du film Absolutely Fabulous qui sortira le 7 décembre prochain en France, le jury du festival Chéries-Chéris a récompensé les meilleurs films de la sélection lors de la soirée de clôture. Synopsis et bande-annonces des films primés.

Longs métrages

Grand Prix

L'Ornithologue de João Pedro Rodrigues. Sortie en salles mercredi 30 novembre. Retrouvez l'interview du réalisateur et de l'acteur Paul Hamy sur TÊTU prochainement.
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Fernando, un ornithologue, descend une rivière en kayak dans l’espoir d’apercevoir des spécimens rares de cigognes noires. Absorbé par la majesté du paysage, il se laisse surprendre par les rapides et échoue plus bas, inconscient, flottant dans son propre sang.
João Pedro Rodrigues commence par étudier la biologie dans le but de devenir ornithologue avant de bifurquer vers des études de cinéma à l’école de cinéma de Lisbonne, dont il sort diplômé. Son cinéma se consacre à l’exploration du désir humain, dans tous ces aspects et sous toutes ses formes, reflétant la diversité de l’histoire du cinéma, des fictions classiques au documentaire et à l’expérimental. Il a, à ce jour, réalisé 5 longs métrages : « O Fantasma (2000) », « Odete » (2005), « Mourir comme un homme » (2009), « La Dernière Fois que j’ai vu Macao » (2012) — coréalisé avec João Rui Guerra da Mata — et « L’Ornithologue » (2016). Il a également réalisé un nombre conséquent de courts métrages, souvent avec Guerra da Mata, qu’ils aiment qualifier de « films asiatiques ». Les films de João Pedro Rodrigues ont été montrés et primés dans les plus grands festivals internationaux, dont Cannes, Venise, Locarno et Berlin.
Ce cinquième long métrage de Joao Pedro Rodrigues est une oeuvre envoûtante, érotique et métaphysique qui nous emmène dans un voyage poétique dont on ne ressort pas indemne. Le réalisateur portugais confirme une nouvelle fois sa capacité à créer des images d’une puissance iconique rare et poursuit son oeuvre très personnelle.

Prix du jury

Barash de Michal Vinik
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Naama Barash est une jeune femme de 17 ans qui aime boire, se droguer et traîner avec ses potes. Tout ce qui peut lui faire oublier que ses parents se disputent tout le temps et que sa soeur, rebelle dans l’âme enrôlée dans l’armée, a disparu. Elle tombe éperdument amoureuse de la nouvelle du lycée, Dana, un premier amour qui va donner un autre sens à sa vie.
Les joies et peines du premier amour sont ici magnifiquement mises en scène par Michal Vinik, qui signe un film plein d’assurance au montage intense et habilement ciselé. « Barash » dresse le portrait d’une adolescente perdue en Israël, une jeune femme délaissée par des parents débordés. La figure du père n’est d’ailleurs pas épargnée : celui-ci ne peut pas supporter qu’une de ses filles sorte avec un Arabe avec qui en plus elle souhaite vivre, le comble. Et quand Naama Barash espère pouvoir se confier à sa grande soeur en lui lançant un vague « Je crois que je peux aussi être avec des filles », la réponse à de quoi désespérer. Le premier long métrage de la réalisatrice est pour autant plein d’énergie positive, et il est emmené par une bouleversante Sivan Noam Shimon (Barash) et une hypnotisante Hadas Jade Sakori (Dana).
Née à Haifa en 1976, Michal Vinik est une scénariste diplômée de l’Université de Tel Aviv. Son premier long, « Barash », a fait sa première au Festival international du film de Saint-Sébastien, et a remporté trois prix au festival d’Haifa. Elle travaille actuellement sur un deuxième long métrage, « Christina’s Child ». Par ailleurs, elle enseigne l’écriture de scénario à Tel Aviv et à Kfar Saba, en Israël. Ses courts métrages « Bait » (2009) et « Srak » (2011) avaient été montrés pour la première fois à Locarno et à Sundance, et avaient notamment remporté des prix en Israël.

Prix d'interprétation

à l'ensemble des protagonistes de Brothers of the night de Patric Chiha. Le film sortira en salles le 8 février prochain.

Les protagonistes de ce film documentaire sont de jeunes Roms bulgares qui ont immigré à Vienne à cause de la pauvreté et la nécessité de gagner de l’argent pour envoyer à leurs familles. Ils offrent maintenant leurs services dans un bar à gigolos, le Rüdiger, dans le quartier ouvrier de Margareten. Ils attendent, fument, boivent, jouent au billard, dansent, s’amusent comme de jeunes taureaux, évoquent leurs maigres excès, leurs familles et les prostitués, échangent leurs expériences et des informations sur le business. Au coeur d’un choc des cultures et des traditions, ils mènent une vie transitoire, trompeuse et passagère, entre les mondes, entre réalité et illusion.
Troisième long métrage de Patric Chiha (« Domaine », 2009, « Boys Like Us », 2014), « Brothers of the Night » est un film hybride, empreint d’une semi-obscurité baroque, qui oscille délibérément entre film documentaire et scènes théâtralisées. Cette oeuvre passionnante de docufiction, saisissante et inattendue, met en scène cette bande de hustlers, en captant magistralement la poésie sombre de la survie et la solidarité entre ces étrangers ostracisés.

Documentaires

Grand prix

Kiki de Sara Jordenö
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A New York, les jeunes LGBTQ se rassemblent sur le quai de Christopher Street, pratiquant une forme d’art basée sur la performance, Ballroom, qui a été rendue célèbre au début des années 1990 par la vidéo de Madonna « Vogue » et le film documentaire « Paris Is Burning ». Vingt-cinq ans après, une nouvelle génération, très différente, de jeunes LGBTQ forment une sous-culture artistique activiste, nommée « Scène Kiki ».
« Kiki » suit sept figures de la communauté Kiki pendant quatre ans, pendant leurs préparations et leurs spectaculaires performances lors d’événements nommés « Kiki Balls », dispositif pour affirmer leurs combats en faveur des sans-abris, contre la maladie et les préjugés, pour développer leur influence politique et exprimer leurs identités de genre. Nous y rencontrons Twiggy Pucci Garçon, fondateur et physio de la « Haus of Pucci », Chi Chi, Gia, Chris, Divo, Symba et Zariya. Chacun évoque son histoire personnelle unique, au sein de la Scène Kiki, et la vie queer aux États-Unis pour la « youth-of-color » LGBTQ dans son ensemble. Les spectaculaires bals Kiki offrent aux artistes un espace sûr et autonome pour exprimer divers modes d’expression de genre, y compris une féminité stylisée. Les membres de la scène Kiki sont de jeunes adolescents et beaucoup ont été chassés de chez eux et se retrouvent à la rue. 50% de ces jeunes sont séropositifs. La « Scène Kiki » offre des systèmes familiaux alternatifs (« houses »), l’enseignement, des tests VIH et des spectacles axés sur l’auto-organisation. La Scène s’est transformée en une organisation importante regroupant des centaines de membres, à New York, aux États-Unis et au Canada. Teddy du film documentaire à la Berlinale 2016.

Prix du jury

Stories of our lives de Jim Chuchu
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Composé de cinq segments, « Stories of Our Lives » adopte la forme du docufiction. « Ask Me Nicely » : Kate, une jeune étudiante rebelle, rencontre Faith. Lorsque la hiérarchie scolaire les sépare, Kate rencontre impulsivement un garçon de son quartier. Deux semaines plus tard, Kate et Faith se revoient de façon maladroite. « Run » : Après avoir négocié une affaire, Patrick rencontre dans un bar gay local son meilleur ami homophobe, Kama. Patrick revient plus tard au club pour une soirée, en espérant que personne ne le découvrira. « Athman » : Les ouvriers agricoles Ray et Athman sont des amis proches depuis des années. Blessé par la relation d’Athman avec Fiona, Ray doit faire un choix difficile. « Duet » : Jeff attend dans une chambre d’hôtel loin de chez lui. Il a économisé pendant des mois pour réaliser son fantasme ultime d’avoir des rapports sexuels avec un homme blanc. Enfin, on frappe à la porte. « Each Night I Dream » : Lorsque les autorités locales menacent d’appliquer les lois anti-homosexuels, la foule se rassemble pour expulser les personnes soupçonnées d’être homosexuelles. Alors que la tension augmente dans son quartier, Liz échafaude des plans d’évasion.
En 2013, un collectif s’est constitué au Kenya, à Nairobi : « The Nest » (« Le Nid »). Sa mission était de recueillir la parole, sur tout le territoire kenyan, de personnes se percevant comme gays, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, trans, intersexes, afin de documenter le pays pour la première fois sur ces questions. Un livre est sorti de cette vaste consultation avec plus de 250 interviews collectées à travers tout le pays pendant deux ans. Cinq de ces témoignages ont été choisis pour écrire le film. « Stories of Our Lives » a été interdit au Kenya pour « promotion de l’homosexualité, contraire aux normes et aux valeurs de la nation ». Prix du jury aux Teddy Awards en 2015.

Courts-métrages

Grand prix

Mother knows best de Maikel Bundsen
Après avoir présenté son copain à sa mère, un adolescent angoissé se trouve confronté à une conversation gênante avec elle dans la voiture.

Prix du Jury

I’m Fine de Lucretia Knapp
« I’m Fine » est un film documentaire qui mélange performance et interviews. Filmé dans une pièce unique, le salon d’une mère et de sa fille, la réalisatrice nous invite à une conversation sensible et profonde.
 
Pour en savoir plus :
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