Au cours de la cérémonie de clôture du festival du film LGBT+ Chéries-Chéris, ce mardi 26 novembre à Paris, la productrice de podcasts Julia Layani a été exclue d'une déclaration collective dénonçant les crimes commis par Israël au Proche-Orient. Elle souhaitait évoquer les otages israéliens encore retenus par le Hamas.
"Nous rejetons fermement cette attitude qui va à l’encontre des principes que nous défendons." L'association Rainbow submarine, qui organise le festival du film LGBTQI+ Chéries-Chéris à Paris, a publié ce vendredi 29 novembre un communiqué se désolidarisant de la mise à l'écart, lors de la cérémonie de clôture mardi, de Julia Layani, l'une des jurées de l'édition, d'une prise de parole collective pour dénoncer les crimes commis par Israël au Proche-Orient. La productrice de podcasts (notamment de Coming Out sur Spotify) a été empêchée de se joindre à cette démarche car elle souhaitait faire mention des otages israéliens retenus par le Hamas.
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"Douze personnes ont empêché ma participation à cette action au prétexte que je serais une « sioniste d'extrême droite », parce que je suis juive et que j'ai invité Caroline Fourest dans mon podcast Conversations avant la fin du monde, s'insurge Julia Layani auprès de têtu·. Dans quel monde vit-on si on ne peut pas recevoir des gens pour dialoguer dans son podcast ?" Lors de la cérémonie, la productrice a tout de même pu prendre un micro pour apporter son soutien aux 97 otages encore retenus par le Hamas, dont deux Français. Mais sur son compte Instagram comme au téléphone, elle explique que la séquence s'inscrit dans un contexte plus large "d'énormes pressions" exercées "deux semaines plus tôt" pour empêcher sa venue au festival. "L'organisation du festival a tenu bon en passant du temps avec les jurés pour leur expliquer qu'il était hors de question de m'empêcher d'être jurée, relate-t-elle. Dans un premier temps, ils ne m'avaient pas prévenue de ces pressions."
Soutien de Chéries-Chéris
L'organisation de Chéries-Chéris lui a apporté un soutien public sans ambages, exprimant son "indignation la plus totale à la suite des événements" de mardi. "Nous réaffirmons notre soutien absolu à Julia Layani et comprenons pleinement son indignation face à cette exclusion, développe le festival. Nous condamnons avec la plus grande fermeté toute forme d’antisémitisme, de racisme, d’islamophobie et d’exclusion. Ces comportements, quels que soient les individus ou les groupes qui les adoptent, sont inacceptables. Ils n’ont aucune place dans notre événement qui célèbre la diversité et l’inclusion."
Quelques heures plus tôt, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, avait fait savoir sa décision de suspendre les subventions au festival. "On ne peut pas lutter contre les discriminations par un festival et tolérer dans son organisation qu’une membre du jury y soit discriminée, victime d’antisémitisme", a appuyé sur X (Twitter) la conseillère régionale Catherine Michaud. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a elle aussi dénoncé "les pressions dont a fait l'objet Julia Layani (…) en raison de sa confession religieuse". La société de cinémas MK2, qui héberge le festival, "s'oppose fermement aux méthodes militantes qui consistent à silencier le contradictoire pour imposer ses idées" et "tient à apporter son soutien à Julia Layani".
Crédit photo : Benjamin Vodant / capture d'écran Instagram @cheriescherisparis