Pour les 10 ans des Ours de Paris, l'association a vu les choses en grand : organisation du concours Mister Ours et croisière sur la Seine. TÊTU vous emmène à bord de la « Bear Cruise » 2017.
« Il reste du gâteau ! » claironne l’hôte. Elles sont rares, les soirées gay où l’on ripaille autant que l’on dragouille. Encore plus rares les soirées au cours desquelles on nous rassure sur la capacité à se sustenter. D’habitude, c’est plutôt sur le mode anxieux et gêné : « Vous n’auriez pas quelques cacahouètes ? » D’habitude, surtout, on ne pense qu’à boire. Non, à bord de la « Paris Bear Cruise », c’est farandole de desserts, gourmandise assumée. Pièce montée pour les 10 ans de l’association Les Ours de Paris qui organise l’événement et choux à la crème servis à même la bouche par Nicolas Maalouly dans son t-shirt XL qui reproduit le corset aux seins coniques de Gaultier.
Croisière poids lourds
Jeudi 25 mai, 269 gays de tous âges, de toutes corpulences et de systèmes pileux hétéroclites avaient rendez-vous avec « Le Paris », un bateau-mouche, pour une croisière poids lourds. Des bears et ceux qui les aiment, venus voguer en plein cœur de la capitale pour lancer la Fierté Ours Paris, une semaine de festivités, de culture, de soirées et de rencontres. Des dizaines de bols de pop-corn s’étalent sur les tables, on décapsule des bières et on nous sert des marquisettes : larguez les amarres, c’est parti pour deux heures de convivialité.
crédit photo : Marie Rouge
« Pour la première fois, on te regarde sans préjugé »
Selon un cliché répandu, les gros sont toujours de bonne humeur. Cette balade sur la Seine ne saurait que le renforcer. On a beau chercher, on n’est pas ici pour se regarder le nombril, on est là par goût du partage. Alex est Mister Chti Nours 2015, élu dans le bar lillois éponyme : « Il y a dans le milieu bear plus de chaleur et plus de protection. Certains gros n’ont pas toujours confiance en eux, et au moins ici, on n’est pas reluqué comme dans un zoo, on est accepté et ça aide à s’accepter comme on est ». Thomas, son acolyte, se définit comme un « lionceau ». Avec ses 70 kilos tout mouillé, sa barbe rousse et sa casquette de Simba, il dénote légèrement : « Dans le milieu bear, tu arrives comme tu es et on ne te juge pas, que tu sois gros ou pas, gay ou hétéro, avec une casquette Disney… Pour la première fois, on te regarde sans préjugé ». Entre deux coupes de barbes offertes par Le cigare à moustache et une marque de sous-vêtements LGBT, Over the rainbow, venue présenter ses jockstraps « Suce-moi le miel », les candidats de Mister Fierté Ours déambulent. Ils sont dix, venus de partout en France, à faire campagne pour le plaisir, à se charrier et à s’émerveiller du regard des autres bears sur eux.
crédit photo : Marie Rouge
« En dehors du milieu bear, les gens te rappellent tout le temps que t'es gros »
Nicolas, qui sait faire virevolter les bons mots comme à son habitude, me confiait récemment, un peu plus grave : « Un jour, on se rend compte qu’on plait avec notre corps, et pas ‘’malgré’ notre corps. En dehors du milieu bear, les gens te le rappellent tout le temps que t’es gros, ils sont gênés par ta présence et se permettent des tas de choses : on vient te faire pouet-pouet sur les seins dans la rue, les gens te conseillent de pas porter de rayures pour t’affiner, on te traite de « gros pédé »… « Gros pédé ». Comme pour doubler l’insulte… « Oui, on est gros, on est pédé, on est des gros pédés », rappelle Marc, le président de l'association. Aucune raison d’avoir honte, ni de l’un, ni de l’autre.
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photo de couverture : Marie Rouge