Selon un rapport alarmant de l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch, publié lundi 23 juillet 2018, la politique de Trump aurait de graves conséquences sur l'accès des personnes LGBT+ au système de santé américain. Le droit à la santé, bientôt un privilège que se verraient refuser les minorités ?
« Si vous voulez le meilleur chirurgien, vous voulez le meilleur, pas un autre. » Le rapport de Human Rights Watch s'ouvre sur les mots de Krista Contreras, mère d'un enfant de 6 ans et résidente de l'Etat du Michigan, qui s'est vue refuser une consultation chez le pédiatre, parce qu'elle est lesbienne. Or légalement, ce pédiatre n'a violé aucune loi : le Michigan fait partie des 37 Etats qui ne protègent pas les patients LGBT+ des discriminations. Le document de 34 pages, réalisé par l'organisation non gouvernementale et publié le 23 juillet 2018, est alarmant. Il montre que depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, les personnes LGBT+ se voient de plus en plus discriminées dans l'accès aux soins, un droit humain pourtant élémentaire.
https://twitter.com/KenRoth/status/1021522072709812224
La santé des LGBT+ dégradée
Au total, Human Rights Watch a interviewé 81 personnes entre août 2017 et juillet 2018. La conclusion est effarante : les personnes LGBT+, et notamment les personnes trans', ont de plus en plus de difficultés à trouver des services de soin médicaux dans leur quartier, leurs rendez-vous peuvent être annulés et reportés sans aucune raison, et, pire encore, ils peuvent se voir refuser des services de soin selon leur orientation sexuelle.
Un homme homosexuel, habitant à Memphis, a par exemple fait état d'un comportement homophobe de la part de son médecin, alors qu'il allait simplement faire son dépistage annuel du VIH : « Le médecin m'a fait la leçon, sans citer explicitement la Bible, mais il disait qu'être gay n'était pas quelque chose d'approprié, qu'il pouvait m'aider et me trouver un conseiller. Alors je lui ai répondu 'Oh merci, je suis sorti du placard il y a 20 ans et tout va bien pour moi'. C'est comme s'il pensait qu'il avait le droit de me dire qu'être homosexuel est quelque chose de mal. »
Pour Ryant Thoreson, chercheur spécialisé sur les questions LGBT+ pour Human Rights Watch, cela n'est pas sans graves conséquences sur la santé des personnes LGBT+ :
« De telles discriminations envers les personnes LGBT+ augmentent les risques de développer différents types de maladies, de la dépression à l'addiction en passant par le cancer et les maladies chroniques. Au lieu de considérer cela comme un problème de santé public, le ministère de la Santé et des Services sociaux développe de plus en plus de règles qui ne font qu'empirer les discriminations. »
Un « permis de discriminer »...
Aux États-Unis, la protection des LGBT+ en matière de santé a toujours été irrégulière. Mais en 2009, l'arrivée de Barack Obama au pouvoir a permis d'améliorer l'accès aux soins pour les LGBT+, et notamment pour les personnes trans'. En 2016, le président avait par exemple réformé la loi sur la protection des patients et les soins abordables - surnommée « Obamacare » - en interdisant toute discrimination fondée sur le sexe, l'orientation sexuelle et envers les personnes transgenres. Grâce à cette loi, les frais engendrés par les opérations médicales pour les personnes trans' étaient prises en charge par la Sécurité sociale.
L'arrivée du très conservateur Donald Trump au pouvoir a entraîné un durcissement des lois sans précédent. Selon le rapport, plusieurs changements législatifs avancés par le gouvernement de Trump pourraient « exacerber » les discriminations et entraver les personnes LGBT+ dans leur accès aux soins. Pire encore, ces modifications de la loi pourraient délivrer une sorte de « permis de discriminer ».
Dès août 2017, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé revenir sur certaines lois introduites par le président Obama, notamment celles concernant l'interdiction de discriminer les personnes trans' dans l'accès aux soin.
« Revenir sur cette loi pourrait être lourde de conséquences pratiques. Cela rendrait les personnes transgenres beaucoup plus incertaines quant à leurs droits civils. Les assureurs seraient moins bien informés sur leurs devoirs et les agences fédérales ne pourraient plus faire d'interprétations trans'-inclusives de l'arsenal législatif », indique l'organisation.
... Au nom de la « liberté religieuse »
Une réforme de l'Obamacare avec dans le viseur, les personnes transgenres, régulièrement ciblées par l'homme d'affaire depuis son arrivée au pouvoir.
Selon Human Rights Watch, « reculer sur les lois luttant contre les discriminations, tout en permettant aux personnels de santé et aux assurances maladies de refuser de prodiguer des soins en invoquant leurs convictions morales ou religieuses est une combinaison dangereuse ».
La plupart des personnes interrogées ont exprimé une forte inquiétude concernant l’autorisation de refuser l’accès aux soins pour des raisons morales ou religieuses. Un signal fort envoyé à la communauté LGBT+ des États-Unis. Selon un activiste trans’ résident dans l’Etat du Tennesse, « les personnes sujettes aux discriminations doivent toujours être plus courageuses. On voit très clairement que c’est une véritable attaque envers les LGBT+. »
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