Moussa, un jeune homosexuel guinéen menacé d'expulsion vers son pays, où l'homosexualité est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison, vient de se voir débouter une nouvelle fois de sa demande d'asile. Il va faire appel de cette décision.
Son histoire avait fait le tour des médias. Moussa, un homosexuel guinéen de 28 ans, a été débouté pour la deuxième fois de sa demande d'asile en début de semaine, a-t-on appris de l'association Aides. Deux mois plus tôt, ce jeune militant auprès de cette association avait été condamné à de la prison ferme pour avoir refusé de monter dans un avion direction Conakry.
Artiste acrobate, il est arrivé en France en 2015 avec une autorisation temporaire de travail et sa demande d'asile a été rejetée en 2017. Il avait ensuite été placé au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes avant d'être conduit à l'aéroport de Lyon où il avait justement refuser d'embarquer.
Moussa affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille en Guinée, et avoir quitté son pays pour fuir des persécutions contre les homosexuels. Son expulsion le conduirait « vers une mort quasi certaine », ajoutait Aides en mai dernier.
« Il accuse le coup, mais il est solide »
« C'est un coup dur », confie à TÊTU Caroline Izambert de Aides. « Moussa a du mal à comprendre cette décision et il accuse le coup. Mais il est solide et il reste très déterminé. » Elle a annoncé à TÊTU vouloir faire appel de la décision de l'Ofpra auprès de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), dernière chance de voir sa demande validée. Mais elle peut prendre plusieurs mois avant de trouver réponse.
En attendant, Moussa s'est vu délivrer un récépissé l'autorisant à rester sur le territoire français jusqu'à mi-août. « On espère faire renouveler ce document jusqu'à son passage à la CNDA », ajoute Caroline Izambert.
Des rumeurs démenties
Depuis le mois de mai, plusieurs rumeurs avaient circulé à propos de Moussa. La première, relayée par la députée LREM de l'Allier Laurence Vanceunebrock-Mialon, affirmait que Moussa avait lui-même admis avoir menti sur son orientation sexuelle et sur la mort de son compagnon. Faux, rétorque Aides. « Moussa n'a jamais changé de version ou reconnu avoir menti. C'est l'Ofpra qui a considéré que son récit n'était pas assez convaincant. »
Des récits souvent difficiles à raconter pour les migrants LGBT+, originaires de pays où ils ont longtemps été intimés de se taire et de cacher leur orientation sexuelle ou leur transidentité. Et souvent remis en question par l'Ofpra.
Autre rumeur : Moussa serait bisexuel et non homosexuel. C'est en tout cas ce qu'a affirmé la présidente lors de son procès au tribunal de Lyon : « Aucun de ces renseignements n'a pu être vérifié. Vous vous dites tantôt homosexuel, tantôt bisexuel». Faux là encore, répond Aides : « C'est une erreur d'interprétation de notre part au début de l'affaire. Moussa se dit clairement gay et pas bi. »
Des soutiens politiques
Le cas de Moussa avait suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux. « Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité. Son expulsion serait un scandale », affirmait sur Twitter le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, en mai dernier.
« Il est temps que le gouvernement fasse preuve de l'humanité qu'il évoque si souvent. Messieurs Macron et Collomb, mettez fin à cette procédure », lançait pour sa part Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement et ex-présidente de l'association Act-Up.
Crédit photo : Aides.