François OzonFrançois Ozon s'inspire d'une affaire de prêtre pédophile pour son prochain film

Par Marion Chatelin le 05/10/2018
François Ozon

Le réalisateur de « Huit Femmes » a tourné, dans la plus grande discrétion, un film consacré à l'affaire Preynat. Ce prêtre lyonnais est accusé d'abus sexuels sur des dizaines de scouts dans les années 1980-1990.

Le nouveau film de François Ozon, « Grâce à Dieu » a été tourné dans le plus grand secret. Une fiction inspirée de faits réels, qui retrace la construction de l'association des victimes du père Preynat, 72 ans, mis en examen en 2016 et placé sous contrôle judiciaire. Il aurait abusé des dizaines de scouts dans les années 1980-1990.

« Portrait d'hommes abusés »

Selon les informations exclusives du quotidien régional Le Progrèsle tournage s'est déroulé entre mars et mai dernier en partie à Lyon (pour les extérieurs). Le film qui réunit Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud sortira en salles le 20 février 2019.

« Le film est un portrait de ces hommes abusés, comment ils ont vécu avec leur traumatisme, comment ils ont libéré leur parole et quelles en ont été les répercussions familiales et sociales. Ce film est vraiment raconté du point de vue des victimes », a indiqué le réalisateur de Potiche au Progrès. 

Le silence de l'Église

L'affaire avait été révélée par d'anciens scouts d'une paroisse de la région lyonnaise. Les victimes accusaient le père Preynat, leur ancien aumônier, d'attouchements et de fellations. Il aura fallu attendre 2016 pour voir cet ecclésiastique mis en cause malgré les accusations récurrentes de parents durant une vingtaine d'années. Il finira par reconnaître tous les faits devant le parquet de Lyon. Le rôle joué par le cardinal Philippe Barbarin, également archevêque de Lyon, est trouble. Ce dernier est en effet accusé d'avoir couvert le père Preynat.

Pour le réalisateur, il ne s'agit pas de faire un film à charge contre l'Église mais plutôt de « poser beaucoup de questions » en abordant « le silence de l'Eglise sur la pédophilie » :

« Un personnage dit que son combat n’est pas contre l’Eglise, mais pour l’Eglise. C’est aussi le mien », précise François Ozon. Et de poursuivre : « Dans la préparation, le sujet faisait très peur. Beaucoup de gens ne voulaient pas y être associés. »

Le réalisateur n'a pas jugé nécessaire de rencontrer le père Preynat ou le cardinal Philippe Barbarin, également interprétés à l'écran, dans la mesure où son film est une « fiction ». L'instruction judiciaire est, quant à elle, toujours en cours.

Crédit photo : capture d'écran compte Twitter François Ozon.