justiceTarbes : six ans de prison ferme requis pour neuf personnes jugées pour agressions homophobes

Par Marion Chatelin le 17/10/2018
adolescents de 15 ans tabassé un homme de 50 ans en raison de son homosexualité

Neuf personnes âgées de 18 à 24 ans, comparaissent depuis hier, mardi 16 octobre, devant le tribunal correctionnel de Tarbes, pour une série d'agressions commises entre mars et septembre 2017, dont certaines à caractère homophobe. Le procès devrait prendre fin ce mercredi 17 octobre.

Au total neuf personnes sont jugées depuis hier, mardi 16 octobre, devant le tribunal correctionnel de Tarbes. Les prévenus - huit hommes et une femme - doivent notamment répondre de « vols avec violence », de « vols par ruse » et « d'extorsions commises en raison de l'orientation sexuelle ». Parmi ces jeunes gens issus de l'agglomération tarbaise et qui, pour la plupart, avaient déjà un casier judiciaire, quatre comparaissent détenus, trois sont libres sous contrôle judiciaire et deux ne se sont pas présentés à l'audience.

Des peines comprises entre huit mois avec sursis et six ans de prison ferme ont été requises par la représentante du Parquet, Amélie Djaoudo. Cette dernière a évoqué dans son réquisitoire « une chasse aux gays » qualifiant les neuf mis en cause de « prédateurs » animés par « un véritable machiavélisme ».  Elle a réclamé une peine de six ans de prison ferme à l'encontre de Hugo C., identifié comme le cerveau de ces agressions et qui est en détention provisoire depuis son interpellation.

« Se faire de l'argent facile »

Les 11 agressions se sont déroulées, entre mars et septembre 2017, et selon un mode opératoire identique : la victime était violentée par plusieurs individus lors d'un rendez-vous fixé sur un site de rencontres, principalement dans les environs de Tarbes et de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Elle était ensuite contrainte à retirer de l'argent à un distributeur de billets. À la barre, l'un des prévenus a admis que le but était de « se faire de l'argent facile ».

L'avocat de l'une des victimes, Me Stéphane Jaffrin a évoqué « une véritable machine » pour décrire des agressions qui suivaient inexorablement le même procédé : « On isole une personne de nuit sur un lieu de rencontre particulièrement loin du centre-ville, et puis le piège se referme », a-t-il indiqué à l'AFP. Et de poursuivre :

« Au mois de juin 2017, c'était presque tous les deux jours que les auteurs piégeaient des personnes homosexuelles ou bisexuelles. Et c'est bien parce qu'elles étaient homosexuelles ou bisexuelles qu'on leur extorquait de l'argent. »

Une quarantaine de victimes

Selon les avocats des parties civiles, la liste des agressions est bien plus longue : « Il semblerait, compte tenu de l'entreprise montée par tous ces protagonistes, qu'il y ait entre une trentaine et une quarantaine d'autres victimes qui, elles, ne déposeront pas plainte », a estimé Me Stéphane Jaffrin. Avec toujours une cible bien définie : les personnes homosexuelles.

Pour l'avocat Charles Bernier, également conseil d'une partie civile qui a été agressée deux fois par le même groupe, les agresseurs ciblent des personnes LGBT+ parce qu'elles seraient « plus hésitantes à déposer plainte ». De leur côté les sept prévenus, présents à l'audience, se sont défendus de tout sentiment homophobe.

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Le caractère homophobe de ces agressions a été retenu car l'enquête a permis d'identifier des victimes hétérosexuelles qui, elles, n'ont subi aucune violence physique. Pour celles-ci, une jeune fille jouait le rôle « d'appât » pour attirer les hommes dans un guet-apens. Les prévenus encourent jusqu'à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

(Avec AFP)

Le papier mis à jour le 17 octobre 2018 à 15h15.

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