A l'occasion de la sortie de "Culte", Eddy De Pretto dévoile un nouveau titre : "Grave". Ses paroles devraient décomplexer plus d'un homme mal à l'aise avec sa sexualité et sa masculinité.
Qui n'a jamais maté ses voisins ? Pas Eddy De Pretto. Le chanteur publie le clip de son nouveau titre, "Grave". Une vidéo qui joue avec les codes du voyeurisme citadin. "Ce n'est pas grave si tu aimes mater ton voisin", rassure-t-il dans ses paroles. La chanson accompagne la sortie de "Culte", version rééditée et augmentée de "Cure", son premier album.
Filmé depuis l'immeuble d'en face, le clip montre le chanteur dans sa vie de tous les jours : il rentre chez lui, se prépare un café, se change. Jusqu'à se faire prendre la main dans le sac. Tout ce qu'offre parfois le vis-à-vis des grandes villes. Une poésie du quotidien qui sublime un texte décomplexant adressé aux hommes mal à l'aise avec leur attirance pour les hommes.
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Expériences universelles
Longue anaphore (toutes les phrases commencent par "ce n'est pas grave si"), "Grave" rassure autant qu'il raconte la vie intime. Beaucoup d'hommes gays et bis peuvent se retrouver lorsque le chanteur évoque le malaise face aux hommes dénudés dans les vestiaires. Comme lorsqu'il chante les fantasmes sur son meilleur ami.
Des expériences universelles qu'Eddy De Pretto convoque pour insister sur leur banalité. "Ce n'est pas grave si t'as glissé sur le porno d'à côté", "ce n'est pas grave si tu regrettes les deux doigts que tu t'es mis", insiste-t-il encore.
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L'écriture toujours percutante du chanteur se fait aussi émouvante ("Ce n'est pas grave si tu ne te réveilles pas tout seul. Si à côté de toi c'est un gars et que t'as la larme à l’œil"). L'auteur-compositeur prouve surtout sa finesse d'esprit lorsqu'il rentre dans le détail de certaines situations. Comme celle d'un homme qui trouvait "que c'était sordide", mais pour qui "c'est devenu ton réel qui te revient à la gueule, alors que t'approches la quarantaine".
Un hymne à la fierté
Eddy De Pretto ne se vit ni comme un militant, ni comme un porte-drapeau LGBT. Mais avec "Grave", ses textes plus que jamais en ce sens. Les couplets déculpabilisant ouvrent sur un refrain qui sonne comme un appel à la force et à la fierté :
"Serre les dents putain, montre que t'es pas un pantin. Tu peux faire c'que tu veux, vas-y explose et fous le feu. Serre les poings gamin, sans te cacher pour un rien. Tu peux faire simple au lieu de te figer sur ce bleu."
Et que l'on assume ou pas son orientation sexuelle n'est pas le problème pour le rappeur. Placard ou non, Eddy De Pretto ne qualifie de grave qu'une seule situation : celle où l'on se refuse de vivre son attirance pour un homme. "Et ça c'est pire que rester à mentir."
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Crédit photo : capture YouTube.