musique"P.A.L.O.M.A", le clip qui réunit Rebeka Warrior et notre queen Paloma

Par Tessa Lanney le 12/03/2024
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Rebeka Warrior et Paloma se sont associées pour sortir "P.A.L.O.M.A", un titre électrique et un clip qui réinterprète Frankenstein à la sauce futuriste.

Qu'est-ce qui se passe quand on rassemble une chanteuse lesbienne et une reine de Drag Race France, toutes deux mordues de cinéma ? Ça donne “P.AL.O.M.A”, de Paloma, Rebeka Warrior et RAUMM, dont le clip (réalisé avec Olivier Calautti) vient de sortir. Le mélange de leurs univers respectifs est inquiétant : on évolue en combinaison anti-radiations dans une usine désaffectée au milieu de savants fous, de scanners et de souris de laboratoire... Loin de l'esthétique de diva romanesque cultivée par Paloma, le clip revisite méticuleusement le cinéma de science-fiction et le genre du body-horror, avec même une réinterprétation rétro-futuriste du Frankenstein de Mary Shelley, le tout relié à la communauté queer.

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"J'ai aimé me prêter au jeu d'écrire pour quelqu'un", confie Rebeka Warrior (Sexy Sushi, Mansfield.TYA, Kompromat). “P.A.L.O.M.A” sera d'ailleurs présent sur RainboWarriors Vol. 1, la première compilation de sa boîte de production, Warriorecords, à paraître le 26 avril. "Je me suis mis dans la peau de Paloma [rencontrée dans un festival du 7e art] et j'ai adoré ça. Pourtant, je n'ai pas regardé Drag Race, confesse la musicienne. J'ai l’impression qu’en rencontrant Hugo Bardin [Paloma dans le civil], j’ai un peu compris sa vie. Ce que ça pouvait faire d’être mis en lumière et de passer d'anonyme à superstar. Ça m’intéressait d’écrire son feeling." Ce passage de l'ombre à la lumière se ressent dans les paroles : "On m'encense dans les émissions, tout le monde veut être ma copine. Ça reste de la télévision, en vrai j'ai peur qu'on m'assassine, pas si facile d'être une drag queen, pas si facile d'être un PD". Paloma est un masque, mais fait aussi partie intégrante d'Hugo : "Je suis toi et tu es moi", chante-t-elle.

Paloma en fiancée de Frankenstein

Pour la musique, le techno-poète RAUMM suggère le surnaturel par un assemblage de bruits naturels, la pluie, l'orage, puis par le grésillement de l'électricité, les battements de cœur, les gémissements… Tandis que visuellement, l'imagerie médicale est partout, jusque dans les tenues des danseurs qui peinent à se défaire de leurs chaînes, ou plutôt de leurs sangles. On comprend sans mal la métaphore avec la communauté LGBTQI+, longtemps psychiatrisée : "Et si je pars à la dérive, c'est sur le radeau des fiertés avec ma famille adoptive (…) Main dans la main, mes sœurs, restons groupées". Le clip nous donne l'impression de sombrer dans une folie douce, renforcée par l'écho de la voix de Rebeka Warrior. Le macabre laisse finalement place à la lumière et les figures menaçantes se parent d'une nouvelle innocente tandis que Paloma se change en fiancée de Frankenstein, avec une perruque noire aux mèches blanches qui lui donne l'air d'avoir mis les doigts dans la prise.

Comme toujours chez Paloma, le rouge domine, mais fini l'image délicate et romantique : "Bite à la main, fist levé, jusqu'au bout je chanterai cet hymne” est son nouveau slogan. On reconnaît la patte sexy trash de Rebeka Warrior, qu'elle exprimait en 2005 avec le "Sex appeal" (de la policière) du duo Sexy Sushi : "Ça fait du bien d'entendre des mots crus, nous confiait-elle quelques heures avant de tourner le clip. J'ai dû batailler pour que les lesbiennes soient représentées avec autre chose que des mots chastes. Tous les quatre matins on entend Booba parler de sexe hétéro bien trash et ça ne pose aucun problème."

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Crédit photo : Kameliya Stoeva