mariageLe mariage pour tous au cœur du grand débat national ? Les propos inquiétants de Chantal Jouanno

Par Rozenn Le Carboulec le 07/01/2019
Chantal Jouanno

Invitée sur Europe 1 ce lundi 7 janvier, Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), a affirmé qu'elle n'interdisait "aucun thème" dans le cadre du "grand débat" qui débute ce 15 janvier.

Va-t-on revivre les débats sur le mariage pour toutes et tous ? C'est ce que l'on peut craindre à l'écoute des propos de Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), chargée d’organiser le "grand débat" qui fait suite aux manifestations des gilets jaunes et qui débute le 15 janvier. "Nous n’interdisons aucun thème", a ainsi affirmé l'ex-ministre des Sports, invitée de la matinale d'Europe 1 ce lundi 7 janvier.

Les citoyens "libres" de rouvrir ce débat

Chantal Jouanno était interrogée sur la consultation lancée en ligne par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui a vu l'abrogation de la loi du mariage pour toutes et tous, arriver en tête des propositions formulées les internautes. Du 15 décembre au 4 janvier dernier, les citoyen.ne.s étaient libres de voter sur cette plateforme pour les mesures qui leur tenaient à coeur. Seulement, surprise, c'est l'abrogation de la loi Taubira, qui n'apparaît pourtant jamais dans les revendications des gilets jaunes, demandée par le collectif "On ne lâche rien", qui a recueilli le plus de soutiens, avec près de 5.900 votes.

"On est toujours assez réservés quand on ne fait du débat qu’avec un outil, par exemple l’outil numérique. Déjà, ça exclut beaucoup de personnes, et en plus le risque effectivement est que ce soit préempté par certains groupes", a reconnu la présidente de la CNDP au micro d'Europe 1. Interrogée plus particulièrement sur la loi Taubira, elle a toutefois répondu : "Si des personnes, dans des salles, veulent organiser des réunions pour rouvrir ce débat, elles sont parfaitement libres de le faire. Nous n’interdisons aucun thème". Et d'ajouter : "Ensuite c’est au gouvernement de décider ce qu’il en fera, ou pas".

Bien loin des revendications des gilets jaunes

"On ne débat pas des droits humains consacrés ! Dans une société démocratique et dans un Etat de droit, ils sont acquis et intangibles", a réagi sur Twitter le président de SOS Homophobie, Joël Deumier.

Les propos de Chantal Jouanno sont en effet inquiétants, alors que les militants anti-mariage pour toutes et tous ont clairement trusté la consultation en ligne du Cese, faisant apparaître leurs revendications bien loin devant la demande d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), qui est pourtant la mesure phare des gilets jaunes.

"Sur la base des résultats de cette consultation, mais aussi d’auditions et de la consultation de citoyens tirés au sort, un avis sera élaboré et présenté au vote en mars 2019, afin d’apporter une réponse globale aux enjeux révélés par le mouvement des gilets jaunes et s’inscrire dans le débat national", explique le Cese sur son site internet. Or, force est de constater que ce projet a été détourné de son but initial. Reste à savoir comment ce sera pris en compte, ou non, dans le "grand débat national" à venir.

Crédit photo : capture Europe 1.