LGBTphobieLes écoles de journalisme également concernées par le harcèlement et les discriminations

Par Louise des Places le 14/02/2019
harcèlement

Différentes affaires, impliquant au moins trois écoles de journalisme françaises, montrent que le harcèlement qu'a dévoilé l'affaire dite de la "Ligue du LOL" débute dès la période de formation des futurs professionnel.le.s de l'information.

Après les rédactions, c'est au tour des écoles de journalisme d'être pointée du doigt. L'affaire dite de la "Ligue du LOL" semble libérer la parole sur des problématiques. Elles toucheraient le milieu du journalisme avant même l'entrée des élèves dans le monde professionnel. Le mercredi 13 février 2019, l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille a annoncé l'ouverture d'une enquête interne concernant des chants "homophobes" et "discriminants" émanant de certain.e.s de ses élèves.

Les faits remontent au mois de février 2018. Ils se serait déroulés dans un bus affrété par le bureau des élèves, dans le cadre du tournoi de football qui oppose chaque année les équipes de 14 écoles de journalisme. Après que l'affaire cyber-harcèlement du groupe "Ligue du LOL" ait été évoqué en cours, certain.e.s élèves ont fait remonter à la direction des propos "anormaux" tenus notamment dans ce bus qui les emmenaient à Strasbourg, lieu où ce déroulait le tournoi l'année précédente. Le directeur de l'établissement, Pierre Savary, a rapporté que certain.e.s élèves avaient été "choqué.e.s" par ces chants, et que celles et ceux qui s'y sont alors opposé.e.s ont été "envoyé.e.s balader" qu'ils n'étaient "pas là pour faire du politiquement correct .

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Contraires aux valeurs de la profession

"Ces chants sont révélateurs de certains discours et de certaines mentalités. S'ils sont présents dans les écoles de journalisme, ce n'est pas étonnant qu'on se retrouve avec des histoires comme la #LigueDuLol des années après dans les rédactions", a analysé l'un des étudiants sur Twitter dès le 10 février.

Selon Pierre Savary, il s'agirait d'un "phénomène collectif, très ponctuel, d'étudiant.e.s enivré.e.s et qui se comportent comme des supporteurs de sport". Le journaliste et directeur de l'école n'en condamne pas moins le comportement présumé de ses élèves. Ils se doivent selon ses mots d'être "exemplaires, de défendre les valeurs de respect, de tolérance, que doit avoir un journaliste". L'enquête interne devra permettre de déterminer "la teneur exacte des propos et les circonstances" pour envisager "des sanctions".

D'autres écoles concernées

Des cas similaires ont été observés dans d'autres écoles de journalisme. A l'Ecole de journalisme Sciences-Po Paris (EDJ) la direction s'est rendue compte qu'un intervenant était coupable de harcèlement. Il a été congédié.

La direction de l'école de journalisme de Grenoble (EJDG) a quant à elle fait part de son indignation mercredi après la découverte de l'existence sur Facebook d'un groupe privé. D'anciens étudiants y ciblaient des camarades de promotion par des "propos haineux". Créé en 2016, le groupe a été supprimé le 11 février.

Enfin, une réunion sera organisée vendredi 15 février à l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) pour sensibiliser les étudiants aux questions de harcèlement. Une référente sur ces questions avait déjà été nommée il y a un an dans le sillage du mouvement #MeToo.

(Avec AFP)

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