Le collectif Archives LGBTQI a annoncé ce lundi 3 juin lors d'une conférence de presse qu'il n'avait pas répondu à l'appel à projet de la mairie de Paris pour la création d'un centre d'archives.
"Il faut agir maintenant, avant que tout ne se perde." C'est le message qu'a lancé ce lundi 3 juin la militante lesbienne Gwen Fauchois au centre LGBT de Paris. C'est là que se tenait une conférence de presse du collectif Archives LGBTQI qui a annoncé ne pas avoir répondu à l'appel à projet de la mairie de Paris pour la création d'un centre d'archives, dont la date limite pour candidate avait été fixée au 24 mai dernier.
"Nous avons décidé de répondre par notre propre projet, a assuré Gwen Fauchois. Les archives, ça n’est pas que du papier, c’est aussi de la vie. Ce sont nos mémoires, nos recherches…". Selon Sam Bourcier, sociologue, également membre du collectif, 39 personnes ont voté contre le projet de la mairie, 7 pour et 2 se sont abstenues.
Règles des 4C
Pour justifier son refus, le collectif argue que le centre voulu par la Ville de Paris, dont le bâtiment a été localisé rue Mulher (IVe arrondissement), ne répond pas à "la règle des 4C" : "Collecte, Conservation, Consultation et Communication".
"Dans ce lieu, la conservation n'est pas possible et la consultation sur place non plus. Ce que la mairie de Paris nous impose, c'est un endroit où vous n'avez ni d'archives, ni centre de tri, a insisté Sam Bourcier lors de la conférence de presse. On veut des partenaires, pas des tortionnaires."
"Ce n'est pas une étape qu'on nous propose, c'est une voie sans retour, a abondé Gwen Fauchois. L'organisation d'une sub-alternité où les décideurs sont les institutionnels et où l'on fait les petites mains."
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Depuis sa création en septembre 2017, le collectif, composé d’archivistes, de scientifiques, de journalistes ou encore de doctorants, milite en effet pour l'ouverture d'un centre communautaire, entièrement géré par les associations. Problème, la mairie souhaite que « la conservation desdites archives soit assurée par les institutions publiques de conservation (archives, bibliothèques, musées)".
La suite
Mais si le collectif ne bénéficie pas des financements de la Ville de Paris et le local qu'elle proposait, comment créer ce centre ? Là encore, les membres du collectif sont confiants. "On finalise un projet associatif pour une levée de fonds à la rentrée 2020, a détaillé Sam Bourcier. On peut espérer des financements privés et des partenariats à l'international, avec Google peut-être. Ce que je peux vous dire, c'est qu'on avance."
Dans le dossier de presse, le collectif assure également vouloir "poursuivre la prospection de partenaires publics (Ministère de la Culture, région Ile-de-France, mairies, Dilcrah...) et privés (mécènes, entreprises)". Ils et elles espèrent ensuite trouver un local d'au moins 500m2 à Paris ou en banlieue parisienne "pour démarrer".
Un appel à projet relancé ?
Contacté par TÊTU, Emmanuel Grégoire confirme ne pas avoir reçu de réponse du collectif à son appel à projets. Il n'a d'ailleurs réceptionné aucune autre proposition. "Le collectif avait vocation à être la puissance répondante, justifie-t-il. Tout le monde a considéré qu'il allait répondre."
D'ailleurs, il n'exclut pas de relancer le même appel à projets prochainement. "Plusieurs acteurs associatifs nous ont appelé car ils considèrent que c'est une catastrophe et nous demandent de relancer l'appel à projets."
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Il regrette aujourd'hui "un éternel recommencement", mais reste convaincu que les choses peuvent encore avancer. "Je me réjouirais qu’ils puissent trouver des modalités de financement. Mais mon sentiment est qu'ils passent à coté d’une bonne opportunité." Et de conclure : "D’autres gens me paraissent enclin à mener ce projet à bout s’ils ne le font pas".