En collaboration avec la Cinémathèque, la Mairie de Paris accueille l'exposition "Champs d'Amours, 100 ans ans de cinéma arc-en-ciel". Une réussite, dont TÊTU est partenaire, à voir gratuitement du 25 juin au 28 septembre à l'Hôtel de Ville.
1919-2019. L'évolution de l'homosexualité, de la bisexualité et de la transidentité au cinéma a été longue. Et il reste encore du chemin. En un siècle cependant, le septième art a déjà eu le temps de révolutionner sa manière de représenter les personnes LGBT. Et de changer quelques mentalités au passage. C'est dans ces décennies cruciales que nous plonge la très belle exposition "Champs d'Amours, 100 ans ans de cinéma arc-en-ciel" qui ouvre le 25 juin.
Prolifique, l'exposition nous offre affiches, photographies, livres, costumes, scénarios de films LGBT. Ainsi que 95 extraits de longs-métrages (et 10 courts en intégralité). On y croise pêle-mêle Jean Cocteau, Adèle Haenel, Mahershala Ali, Arnaud Valois, Divine, ou encore Andy Warhol...
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Une somme de matériaux importante pour mieux comprendre comment nos histoires ont été représentées au cinéma. Mais loin de nous assommer de science, l'ambitieuse "Champs d'Amours" réussit à s'adresser au grand public, tout en ravissant les plus cinéphiles.
Mater un film aux urinoirs
Un équilibre que l'on doit aux cinq commissaires de l'exposition (le commissaire général Alain Burosse et ses quatre co-comissaires Laurent Bocahut, Michèle Collery, Jean-Baptiste Erreca et Didier Roth-Bettoni) qui ont travaillé pour la mairie de Paris, en collaboration avec la Cinémathèque. "Un travail en commun indispensable", nous a confié le commissaire général.
Mais aussi aux trouvailles scénographiques ludiques de Pascal Rodriguez, Matéo Baronnet et Raymond Belle. Après un couloir de rappels historiques et cinématographiques aux couleurs de l'arc-en-ciel, on déambule dans huit salles thématiques qui explorent les questions du Paris gay, de la censure, des festivals, des succès grands publics, etc.
Sans tout dévoiler, ces salles réservent quelques pépites de mise en scène. Et notamment la salle du "Petit Coin", interdite aux moins de 16 ans, où les films se cachent parmi les urinoirs et les glory holes. Plus loin, on est fasciné par "Séance de Minuit" de José Cunéo, une commande expresse de l'exposition, où l'artiste recrée une salle de cinéma aux spectateurs iconiques. Les yeux les plus vigilants reconnaîtront au milieu des célébrités la maire de Paris Anne Hidalgo, drapeau arc-en-ciel en main et entourée de trois Soeurs de la Perpétuelle Indulgence.
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Prendre des notes
Très enrichissante, "Champs d'Amour" prend pour point de départ "Autre que les autres", un film allemand oublié, datant de 1919. Ce film - dont un extrait est présenté au début de l'exposition - est le premier à clamer qu'"être amoureux de quelqu'un de son propre sexe est aussi noble et pur que d'aimer quelqu'un du sexe opposé". A l'époque, il s'oppose frontalement au paragraphe 175 du Code Pénal allemand qui condamne l'homosexualité. Ce qui lui vaudra d'ailleurs de voir toutes ses copies détruites par les nazis. Jusqu'à ce qu'une bande survivante ne soit retrouvée en Ukraine.
L'exposition montre également à quel point le cinéma LGBT a gagné en quantité et en qualité aux cours des dernières décennies. Plongé parmi des oeuvres mythiques ("Querelle", "Mulholland Drive", "120 Battements par Minute"...) et d'autres plus confidentielles, on repart excité à l'idée d'aller au cinéma pour cocher quelques cases de notre liste de films à voir - qui vient subitement de s'allonger. Ça tombe bien, la Cinémathèque a prévu une retrospective du 19 juin au 11 juillet, "Révoltes sexuelles, révolutions visuelles, 100 ans de cinéma arc-en-ciel".
L'exposition "Champs d'Amours, 100 ans ans de cinéma arc-en-ciel" est accessible gratuitement du 25 juin au 28 septembre à la Mairie de Paris. Accès par la rue Lobau.
Crédit photo : Greg Gorman