La première Marche des Fiertés sous Bolsonaro a été un vrai succès pour les organisateurs. Mais la bataille des chiffres fait rage...
Les associations LGBT brésiliennes se sont félicitées du succès, ce weekend, de la Marche des Fiertés de Sao Paulo. Cette première pride sous l'ère de Jair Bolsonaro, président connu pour ses remarques homophobes et racistes, a vu une foule compacte cheminer dans les rues de la capitale brésilienne, suivant les 19 chars du cortège, dont l'un accueillait la "Spice Girl", Mel C.
Bataille de chiffres
L'évènement aurait rassemblé près de 3 millions de personnes selon les organisateurs, quand les sources policières elles, annoncent des "dizaines de milliers de participants". Pour Marcell, journaliste gay résidant à Sao Paulo, ce chiffre n'a rien à voir avec la réalité. "Il est difficile de croire aux chiffres officiels, il suffit de regarder les photos". La pride de Sao Paulo est aussi réputée pour être l'une des plus grosses marches des fiertés de la planète.
Mais la police n'a pas attendue Jair Bolsonaro pour donner des chiffres radicalement différents de ceux des organisateurs. En 2016, les organisateurs annonçaient déjà 3 millions de participants, quand la police n'en avait compté que 190.000. En 2013, 4 millions contre 600.000.
Un président homophobe
Toutefois, pour les Brésiliens et les Brésiliennes, les chiffres de la police passent mal. "Il ferait n'importe quoi pour faire croire que cette marche est un échec", raconte encore Marcell. Le président brésilien, qui a qualifié "d'erreur" la décision de la Cour suprême de criminaliser l'homophobie, a également participé au plus grand rassemblement évangélique du Brésil quelques jours avant la marche des fiertés.
Et ses prises de position semblent générer une libération de la parole homophobe au Brésil. Interrogée par l'AFP, Monique Barber, 31 ans, affirme avoir été agressée verbalement au début de cette marche. "Nous avons un politicien homophobe et nous voyons les choses régresser. Imaginez, être agressée à la marche LGBT même", a-t-elle lancé. Comme beaucoup d'autres, elle est donc venue "lutter contre l'homophobie et l'irrespect".
"Les préjugés ont un remède, l'éducation" pouvait-on lire sur le char de tête du défilé. Mais vu le profil du ministre de l'éducation, les LGBT brésiliens risquent de devoir attendre encore un peu.
(Avec AFP)