Marche des fiertésMarche des fiertés 2019 : entre célébration et revendication

Par Romain Burrel le 29/06/2019
marche des fiertés

Des centaines de milliers de personnes ont défilé ce samedi 30 juin 2019, à Paris dans une chaleur caniculaire pour la Marche des fiertés LGBT+. Une manifestation placée sous le signe des revendications en faveur de PMA pour toutes et de la filiation. Mais également sous le signe des célébrations des 50 ans des émeutes de Stonewall.

Ce samedi 30 juin 2019, ils et elles étaient des centaines de milliers à braver les records de chaleurs pour revendiquer leur fierté . Cette année encore, la marche des fiertés LGBT+ parisienne a réunis un nombre de participants entre le Boulevard Montparnasse et la place de la république, soit 5, 5 km de marche.

Il est 14:00 au niveau du parvis de la Gare Montparnasse. Avant que le cortège de cette marche des fiertés 2019 ne s’élance, plusieurs organisations LGBT+ se succèdent au micro pour prendre la parole. Sont évoqués, les sujets de la PMA pour toutes, de la filiation, de l'anniversaire de Stonewall, de la sécurité des personnes trans et de la lutte contre le sida, ainsi que la représentation d'Act-up qui rappelle que l'association a été créé il y a pile 30 ans. Le Collectif Intersexes et Allié.e.s délivre un discours fort rappelant que la mutilation des personnes intersexe était un scandale auquel il faut mettre un terme et que leur situation n'est pas une erreur à corriger mais "une variation naturelle du vivant".

Marraines et parrains

15h. Le cortège comprenant plus de 90 organisations s'élance enfin. A sa tête, la mairie de Paris, Anne Hidalgo, l’avocate Caroline Mecary, ou encore les comédiennes Marianne James et Kis Keya, marainnes de l'événement, ainsi que Maxence Danet-Fauvel et Axel Auriant, les deux comédiens de la série SKAM, quant à eux parrains 2019 de cette Pride... Mais c'est le collectif lesbien "Les Goudou.e.s sur roues" qui ouvre véritablement cette Marche des fiertés à Paris. Quelques fémens sont également de la partie posant seins nu, des slogans en faveur de la PMA pour toutes peint en noir sur leur corps.

Marche des fiertés 2019 : entre célébration et revendication
Les Goudou.e.s sur roues ouvrent le cortège de la marche des fiertés

Le mot d’ordre choisi cette année par l'Inter-LGBT est massivement repris en choeur : « PMA, filiation : marre des lois a minima ». Le but ? Continuer à mettre la pression sur un gouvernement et une majorité LREM qui se sont engagés à examiner le texte sur la PMA pour toutes cet été mais qui restent flou  sur les questions de fonds comme la réforme de filiation. 

Dans la foule, on croise quelques personnalités politiques comme Jack Lang, le premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure ou la Secrétaire d'état Marlène Schiappa. Certains candidats à la Mairie de Paris comme Benjamin Griveaux (LREM), Cédric Villani (LREM) ou Gaspard Gantzer, sont également venus marcher (ou se montrer ?) à la marche parisienne.

Britney, Kylie et la politique

Britney, Kylie Minogue, Offer Nissim ou Beyoncé, chacun.e choisit le char derrière lequel il marche en fonction des revendications qu’il ou elle veut porter. Car la pride c’est aussi le moment de revendication politique au-delà même du mot d’ordre de l’INTER-LGBT. Sur les pancartes, on peut lire des slogans comme "Nos sexes ne vous regardent pas", "La PMA maintenant, pas dans 7 ans", "L'homophobie tue, pas la sodomie".

Marche des fiertés 2019 : entre célébration et revendication

Devant le char des personnels naviguant LGBT d’Air France, le collectif des "Gouines contre la déportation" dénonce les expulsions de personnes migrantes et dont il estime la compagnie aérienne complice. Sur le char, l'ambiance est tendue. Mais les deux cohabitent sans heurts.

Marina a 23 ans. Elle choisi de marcher derrière le char de SOS Homophobie. "Ma copine et moi, on se fait emmerder en permanence par des connards dans la rue. Il faut vraiment que ça cesse. La pride, c'est le seul moment dans l'année ou la rue ne nous est pas hostile." explique la jeune femme à TÊTU, avant d'embrasser tendrement sa compagne. Un témoignage qui fait écho à celui de Florian sur Twitter, lui aussi violenté dans le métro avant de se rendre à la marche.

Pour Mathias, 17 ans, cette marche des fiertés 2019 est une première. Il y a quelques semaines, ce lycéen passait le bac. Après "des années à raser les murs", le jeune homme a finalement fait son coming-out auprès de certains camarades qui l'accompagnent aujourd'hui: "Je suis dans un lycée privé et catho. J'ai passé ma scolarité à me cacher. J'étais persuadé que j'allais être rejeté. Marcher aujourd'hui avec elles, c'était inéspéré. C'est même elles qui m'ont poussé à venir !" raconte tout ému le jeune homme à TÊTU.

Emotion

A 16:30, c’est l’heure du die-in. Les trois minutes de silence en mémoires des morts du sida sont une tradition et l'un des moments les plus émouvants la marche des fiertés. La rue, il y a encore quelques secondes si bruyante et festive se taie, soudain. Certains comme Jacques, 62 ans, ne peuvent pas retenir leurs larmes. "J’ai perdu tellement d’amis pendant l’épidémie. A chaque fois je me promets de ne pas pleurer mais l’émotion me submerge."

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Après ces trois minutes de silence assourdissant, la musique reprend, les yeux se sèchent et le cortège redémarre. On dépasse le cortège de l'association Acceptess-T qui defile en tenant une banderole en hommage à Vanesa Campos, femme trans' travailleuse du sexe assassinée il y a un an. Celui de l'ARDHIS qui vient en aide aux migrants LGBT. Ou encore celui de la Caribean Pride qui agrège dans son sillage des centaines de personnes racisées, chaque année de plus en plus nombreuses à participer à la marche.

 

Marche des fiertés 2019 : entre célébration et revendication

Il reste encore quelques kilomètres avant de rejoindre le podium installé place de la république où les artistes comme Léonie Pernet, Sönge, SSION ou encore Bilal Hassani se succèderont sur scène jusque tard dans la nuit.