Une Cour de justice sibérienne a condamné deux frères à la tête d'une boulangerie à payer une amende de 10.000 roubles. Le motif : "incitation à la haine homophobe".
C'est un drôle de retournement de situation, dans une Russie désormais connue pour son homophobie d'État. En effet, malgré la loi de 2013 interdisant la "propagande homosexuelle", une boulangerie vient de se faire rappeler à l'ordre par le gouvernement. Les autorités locales de Kemerovo, en Sibérie, ont ainsi condamné deux frères. Ces derniers avaient affiché, dès l'ouverture de leur commerce en février, un signe "Les pédés ne sont pas autorisés" en russe.
Les frères Ipakov se sont vu rappeler qu'un tel signe d'hostilité envers la communauté LGBT+ était illégal. C'est le Moscow Times qui a révélé l'information.
La Cour locale a reconnu le motif d'"incitation à la haine" dans son acte d'accusation, la boulangerie écopant d'une amende de 10.000 roubles (environ 135 euros). La décision de justice fut motivée par le fait qu'un tel signe "humiliait les homosexuels en tant que groupe de personnes définies par leur orientation sexuelle." Nos confrères de Out soulignent qu'un tel montant représente quasiment la moitié du salaire moyen en Sibérie.
Le boulanger tente de se justifier
Évidemment, Anton Ipatov, l'un des frères, a tenté de "se justifier" dans les médias locaux. Il a expliqué à la chaîne russe 360 TV que le problème n'était pas l'homophobie, mais "le fait que les queer et personnes transgenres imposent leur 'style de vie' aux 'gens normaux'". Une preuve que la propagande initiée par Vladimir Poutine fonctionne à plein.
Le propriétaire y est également allé, lors du procès, de son couplet sur les "choses naturelles", en arguant que sa boulangerie n'utilisait que des produits issus de la nature.
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En 2017, une chaîne russe de boulangeries bio, Bread and Salt, avait également eu affaire à la justice, après avoir placardé des affiches "pas de pédérastes". Cependant, les amendes furent moins importantes. Les magasins avaient par ailleurs été vandalisés à la suite de la polémique.
Depuis la loi de 2013, censément votée pour éviter la "propagande" auprès des mineurs, les crimes de haine anti-LGBT+ ont doublé. Selon un sondage publié début 2018, seulement 8 % des Russes n’avaient rien à redire sur l’homosexualité. 83 % des personnes interrogées, après cinq ans de lois homophobes, considéraient que les relations homosexuelles étaient « toujours » ou « presque toujours » condamnables.
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