LGBTphobieHomophobie dans les stades : les propos de Noël Le Graët ne passent pas

Par têtu· le 11/09/2019
Noël le Graët

Les propos de Noël Le Graët sur l'homophobie dans le foot ne passent pas. Les associations appellent à la démission du président de la Fédération Française de Football, et les échanges avec la ministre des sports sont glacials...

Ils se sont vus le soir même. Le président de la Fédération Française de Football, Noël le Graët, était hier soir aux côtés de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu dans la tribune officielle du Stade de France, pour le match France-Andorre de qualification à l'Euro-2020. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ambiance était tendue.

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Mardi matin, le grand patron du foot français était l'invité de Franceinfo. Interrogé sur l'arrêt des matchs en cas d'injures ou de banderoles homophobes, il a appelé les arbitres à ne plus interrompre les matchs pour ce motif. Il a également affirmé que des "cris racistes ou des bagarres" méritaient, eux, qu'on arrête un match, et que le football n'avait "aucun problème" avec l'homosexualité.

Des échanges tendus

Plus tard dans la journée, la ministre des Sports a dénoncé la position "erronée" de Le Graët sur l'homophobie dans le foot. "Pour être claire, il m'a fait un procès en légitimité dès que j'ai parlé sur ce sujet, que ce soit une femme qui parle de football, une nageuse qui parle de football, mais oui, mon rôle de pouvoir public, mon rôle de ministre, c'est de veiller à la protection de tous nos citoyens".

"L'homophobie, c'est le football qui l'a inventée?", avait déclaré  M. Le Graët à Ouest-France vendredi dernier. "Ca fait bien d'aller raconter sa science quand on n'a pas grand-chose à dire. Il y a pourtant des enjeux politiques plus importants". Début avril, Noël Le Graët avait même lâché: "Elle (Maracineanu, ndlr) n'a pas l'habitude de venir au stade, c'est vrai que dans les piscines on n'entend pas ce qu'il se dit".  Pas étonnant, donc, que les spectateurs ait peiné à voir de la cordialité sur leurs visages quand la caméra les captait en gros plan...

Le message incompréhensible d'Emmanuel Macron

Interrogé par CNews sur les propos du président de la FFF, Emmanuel Macron a délivré un message difficilement audible. D'un côté,"le football doit réconcilier tout le monde et il doit porter aussi les valeurs que l'on porte dans notre pays. Je souhaite que tout le monde travaille ensemble" et d'un autre, il a appelé à ne pas "créer de fausses polémiques". "On sait ce qu'est un stade qui s'embrase, et parfois les noms d'oiseaux, pour dire le moins, qui volent, donc je suis pas en train de dire que tout ça doit se terminer, mais on ne peut pas expliquer tous les jours à nos jeunes et moins jeunes qu'il faut mettre de la décence dans le pays, qu'il faut enlever de la violence, et dire 'il faut accepter les pires choses'."  

Pour le journaliste David Perrotin, cette intervention est probablement la "meilleure définition du fameux 'en même temps' de Macron."

"Le Graët démission"

Dès hier après-midi, de nombreuses associations ont pris la parole pour dénoncer les propos inacceptables du président de la FFF, et demander sa démission. Le collectif Rouge Direct, "lanceur d'alerte contre l'homophobie dans le sport", a ainsi lancé sur Twitter un "APPEL À LA DÉMISSION DU PRÉSIDENT DE LA @FFF Noël le Graët". M. Le Graët, dont le mandat s'achève en 2020, après les Jeux olympiques de Tokyo, n'a pas encore faire savoir s'il souhaitait se représenter ou non.

"Arrêter un match pour des cris racistes, oui! Pour des chants homophobes, non! Quand le président de la FFF fait un tri immonde entre discriminés. Propos totalement scandaleux. Quelle honte!", déplore également sur Twitter l'association des PanamBoyz & Girlz United, qui dénonce l'homophobie dans le football et travaille sur le sujet avec la Ligue de football professionnel (LFP).

Ces échanges interviennent en plein séminaire de la LFP, qui devait se conclure mercredi par une réunion, placée sous l'égide de la Ligue, entre l'Association nationale des supporteurs (ANS) et les associations de lutte contre l'homophobie (SOS Homophobie, Foot ensemble, Licra, Panam'Boyz). Mais l'ANS a conditionné sa participation à un ensemble de conditions qui rendent sa présence fortement improbable.

 

(Avec AFP)