Le réseau social Tik Tok est accusé de limiter le contenu de personnes de "personnes vulnérables", pour éviter le cyberharcèlement. Prévention ou censure ?
Début 2018, l'application chinoise TikTok est devenue la plus téléchargée dans le monde avant Instagram et Facebook, avec plus de 1,5 milliard de téléchargements à travers le monde. Particulièrement célèbre auprès des adolescents, TikTok se veut être une application qui encourage la créativité des utilisateurs à travers des vidéos.
Pourtant, comme le révèle le site web allemand, Netzpolitik.org, l'application aurait limité le contenus de certains utilisateurs - principalement des comptes de militants LGBT+ ou des personnes handicapées - dans une optique de "limiter le harcèlement".
Des "personnes vulnérables"
La webzine allemand précise, en effet, que les règles de modération de l'application placent certains comptes comme "utilisateurs particuliers". Ainsi le compte de certains de ces utilisateurs est placé sous le signe "risque 4" : son contenu ne sera visible que dans leur pays natal. Pour d'autres, les mesures de l'application sont plus extrêmes. Lorsque leur vidéos atteignent entre 6000 et 10 000 vues, leur compte est frappé du sceau "Auto R". Par cette catégorisation, leur contenu n'apparaîtra plus dans la page "for you" (page d'accueil qui regroupe toutes les vidéos susceptibles de plaire à l'utilisateur).
Et là où le bat blesse, c'est que Netzpolitik.org a remarqué qu'un bon nombre de ces "personnes vulnérables" dont les vues étaient restreintes, montraient un drapeau arc en ciel dans leur biographie et s'identifiaient comme lesbienne, gay, trans ou non-binaire. Mais aussi des handicapés, ou des personnes grosses.
Interrogé par le média, TikTok se défend en prônant la prévention. Pour le réseau social, elles sont des "personnes vulnérables", et "sujettes au harcèlement et à la cyberintimidation en raison de leur état physique ou mental".
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Une politique brutale
Une politique de modération qui interroge, même si elle semble pavée de bonnes intentions... Interrogé par Netzpolitik.org, TikTok a reconnu que cette approche était imparfaite. “Ce n’est pas une solution à long terme”, a assuré un porte-parole de la plateforme.
"En réponse à l’augmentation des cas de cyberharcèlement sur l’application, nous avons mis en place une politique brutale mais temporaire”, a poursuivi l'application auprès du site spécialisé The Verge. "L'intention était bonne mais l'approche était mauvaise et nous avons depuis longtemps changé ces règles en faveur de politiques anti-intimidation plus nuancées".
Néanmoins Netzpolitik.org s'est procuré divers documents qui datent de septembre dernier et qui semblent montrer que ces politiques étaient encore en place à ce moment là, contrairement à ce qu'affirme l'application.
De nombreuses polémiques
Malgré l'énorme célébrité de l'application, celle-ci a été sujette à de nombreuses polémiques depuis son lancement en 2016. Elle avait notamment été accusée de collecter les données personnelles de mineurs. 40% des utilisateurs de TikTok dans le monde appartiennent à la tranche des 16-24 ans.
En septembre dernier, TikTok avait également été accusé de censurer les contenus LGBT+ dans les pays conservateurs (notamment en Turquie), malgré le fait que l'homosexualité soit légale dans ces pays, comme le révélait le Guardian.
Récemment, la vidéo d'une jeune américaine de 17 ans avait été censurée par l'application. L'utilisatrice dénonçait les conditions de vie des Ouighours emprisonnés en Chine. Une vidéo qui n'a évidemment pas plu aux autorités chinoises, qui nient catégoriquement toutes persécutions ou l'existence de camps de travail... Selon Pékin, il s'agirait de "centres de formation professionnelle".
Here is a trick to getting longer lashes! #tiktok #muslim #muslimmemes #islam pic.twitter.com/r0JR0HrXbm
— Feroza Aziz (@ferozaazizz) November 25, 2019
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