Le gouvernement allemand vient de présenter son projet de loi pour interdire les "thérapies de conversion". Ce phénomène, bien implanté en Allemagne dans les milieux religieux fondamentalistes, toucherait au moins 1.000 personnes par an.
L'Allemagne deviendra-t-elle le deuxième pays de l'Union européenne, après Malte, à adopter une telle loi ? En tout cas, ça semble en prendre le chemin. Le gouvernement vient de déposer en Conseil des ministres, ce mercredi 18 décembre, un projet de loi pour pénaliser les "thérapies de conversion".
#Konversionstherapien sollen verboten werden. "Diese angebliche Therapie macht krank und nicht gesund. Ein Verbot ist auch ein wichtiges gesellschaftliches Zeichen an alle, die mit ihrer Homosexualität hadern: es ist ok, so wie du bist.", sagt @jensspahn zum Kabinettbeschluss. pic.twitter.com/hnnpp2W7tb
— BMG (@BMG_Bund) December 18, 2019
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"L'homosexualité n'est pas une maladie, a déclaré à l'AFP le ministre de la Santé Jens Spahn. Par conséquent, le terme "thérapie" est trompeur. Nous voulons interdire autant que possible les thérapies dites de conversion. Là où elles sont effectuées, il y a souvent de graves souffrances physiques et mentales."
Au moins 1 000 victimes par an
Le texte prévoit des peines pouvant aller jusqu'à un an de prison et 30 000 euros d'amende. Il doit être examiné au Parlement, après quoi le ministre, lui-même ouvertement homosexuel, espère une entrée en vigueur mi-2020.
D'après une étude de la fondation LGBT+ Magnus Hirschfeld publiée en août dernier, en Allemagne, les "thérapies de conversion" auraient lieu principalement dans des milieux religieux fondamentalistes et toucheraient a minima 1 000 personnes par an. On peut citer par exemple Idisb e.V., ancienne antenne allemande du programme évangélique américain Desert Stream/Living Waters, ou encore l'Association des médecins catholiques allemands, dont le sulfureux président, le docteur Gero Winkelmann, prétend "guérir" l'homosexualité à l'aide d'un traitement homéopathique... à base d'origan.
Idées suicidaires
À l'occasion de la présentation du projet de loi, La Croix a recueilli le témoignage de Bastian Melcher, jeune homosexuel engagé dans la lutte contre les "thérapies de conversion". Lui-même a passé huit ans de sa vie à tenter de changer son orientation sexuelle dans des milieux protestants, jusqu'au jour où il s'est rendu à la Marche des fiertés. Bastian Melcher témoignait déjà fin novembre dans le documentaire Homothérapies, conversion forcée, diffusé sur ARTE. Il y confiait ses moments de souffrance pendant ses années de lutte contre lui-même, jusqu'aux idées suicidaires. Il s'est félicité auprès de La Croix de cette avancée sur le plan législatif.
https://twitter.com/ulle_schauws/status/1117845048228552705
Comme le relève le quotidien catholique, Thomas Pöschl, le porte-parole de l'association Groupe de travail œcuménique sur les homosexuels et l’Église (HuK), a condamné à l'antenne de Dom Radio les "groupes fondamentalistes dans toutes les Églises qui affirment que de telles thérapies peuvent réussir". La semaine dernière, comme le racontait TÊTU, les évêques catholiques allemands reconnaissent l'homosexualité comme "normale" : "[L'hétérosexualité et l'homosexualité] constituent des formes normales de prédisposition sexuelle ni ne peuvent ni ne devraient être changées par une socialisation spécifique."
Crédit photo : Olaf Kosinsky / Wikimedia Commons