La Conférence épiscopale allemande vient d'affirmer que l'homosexualité était une "forme normale de prédisposition sexuelle". Un grand pas pour l'Église catholique, dont certains des dirigeants les plus conservateurs ont immédiatement riposté, qualifiant leurs homologues allemands d' "hérétiques".
C'est une petite révolution au sein de la vielle Église romaine. Depuis deux ans, la Conférence épiscopale allemande s'est engagée dans une "procédure synodale" qui lui attire les foudres de tous les catholiques conservateurs de la planète. Après des consultations à Berlin, le président de la commission mariage et famille de la hiérarchie catholique allemande a affirmé que les évêques s'étaient mis d'accord sur le fait que l'homosexualité était une "forme normale de prédisposition sexuelle", relatait jeudi 12 décembre Catholic News Agency.
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"La préférence sexuelle de l'homme s'exprime à la puberté et adopte une orientation hétérosexuelle ou homosexuelle, a développé l'archevêque de Berlin, Heiner Koch, dans un communiqué publié par la Conférence épiscopale allemande. L'une et l'autre constituent des formes normales de prédisposition sexuelle ni ne peuvent ni ne devraient être changées par une socialisation spécifique."
"Dépravations graves"
Heiner Koch ajoute que, dans le prolongement d'Amoris lætitia, exhortation du pape François écrite en 2016, l'Église devrait prendre en compte les dernières découvertes scientifiques et théologiques sur la sexualité humaine. Par ailleurs, Koch reprend cette exhortation du Pape pour réaffirmer que l'Église doit condamner "toute forme de discrimination envers les personnes ayant une orientation homosexuelle".
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Les évêques se sont également posé la question suivante : la condamnation des actes homosexuels par le magistère catholique est-elle "toujours d'actualité" ? Ils se sont donc engagés à une "nouvelle évaluation" quant à la doctrine romaine sur l'homosexualité et la morale sexuelle en général. En effet, le catéchisme de l'Église catholique, qui détermine sa doctrine, en vigueur depuis 1992, définit les actes homosexuels comme des actes "intrinsèquement désordonnés", constituant des "dépravations graves" et "contraires à la loi naturelle".
"Allemands hérétiques"
Si beaucoup d'internautes, souvent catholiques, se réjouissent de ce pas franchi par les évêques allemands, des figures ultraconservatrices du Vatican ont déjà amorcé leur riposte, notamment aux États-Unis, où des groupes riches et influents préparent le renversement du Pape. Dans le New Jersey, le prêtre Nicholas Gregoris a tweeté : "Les Allemands hérétiques sont aux bord d'un schisme formel." Au Texas, l'évêque de Tyler, Joseph Strickland, rajoute : "Si les évêques ne guident pas les âmes vers Dieu, ils ne sont pas pertinents."
As these German bishops embrace ânewly assessingâ Divinely revealed truth they undermine their own authority. Many have ânewly assessedâ that Catholic Bishops have no authority over their lives. If bishops donât shepherd souls to God they are irrelevant. https://t.co/8bmRwzTlaU
— Bishop J. Strickland (@Bishopoftyler) December 15, 2019
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En parallèle, le Vatican a enfin reconnu officiellement l'absence de lien de cause à effet entre homosexualité et pédophilie, comme le racontait vendredi 13 décembre le magazine NÉON : "Affirmer le lien direct de l’homosexualité avec la pédophilie […] implique non seulement la commission d’une grande injustice, mais aussi la criminalisation d’une certaine identité sexuelle", a déclaré dans le mensuel espagnol catholique Palabra Jordi Bertomeu i Farnós, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi - descendante de l'Inquisition.
Crédit photo : Wikimedia Commons / Rei Momo