sexoLe Parlement polonais pourrait criminaliser l'éducation sexuelle et cible le "lobby LGBT+"

Par Timothée de Rauglaudre le 16/04/2020
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Une proposition de loi, examinée mercredi au Parlement polonais, pourrait criminaliser l'éducation sexuelle. Le texte, déposé par une association anti-avortement, cible le "lobby LGBT+".

La proposition de loi a été nommée "Stop pédophilie", pourtant elle inquiète particulièrement les militants LGBT+ du pays.  Le Parlement polonais, dominé par le parti ultraconservateur au pouvoir Droit et justice (PiS), se prononçait hier, mercredi 15 avril, sur deux sujets majeurs : l'avortement et l'éducation sexuelle. Concernant ce second sujet, les rédacteurs de la proposition veulent prévoir une peine de trois ans de prison maximum pour les personnes "promeuvent le sexe auprès des mineurs", et "préparent et familiarisent les enfants à l'homosexualité".

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"Les organisations et militants les plus impliqués dans la promotion de l’éducation sexuelle dans notre pays sont le lobby LGBT+", écrivent les auteurs du texte selon le site d'information LGBT+ britannique PinkNews. Il est aussi affirmé, sans citer de cas précis, qu'en Europe occidentale, certains de ceux qui donnent ces cours d'éducation sexuelle s'en serviraient pour faire de la propagande pour l'ouverture de l'adoption aux couples de même sexe, et que d'autres auraient été accusés de pédocriminalité.

Pub homophobe

La proposition de loi, dénoncée par les instances de l'Union européenne, est arrivée au Parlement après une pétition constitutionnelle signée par plus de 250 000 personnes. Consultable sur Internet, elle a été déposée par la Fondation Pro - prawo do życia ("pro-droit à la vie" en français), une association catholique anti-avortement créée en 2005. En février, un tribunal polonais avait débouté une plainte contre une campagne publicitaire organisée par cette association qui clamait : "La pédophilie est vingt fois plus courante chez les homosexuels. Ils veulent l'apprendre à nos enfants. Arrêtez-les !" La justice a estimé que cette campagne était "informative et éducative".

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"Cela nous empêcherait, en tant qu'éducateurs, de venir dans les écoles et d'enseigner aux enfants ce qui fait de nous ce que nous sommes et ce que sont l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, a expliqué la militante LGBT+ Ola Kaczorek à Reuters. L'école n'est généralement pas un environnement convivial pour les enfants non hétérosexuels, mais maintenant ce sera encore plus difficile." Mercredi, les parlementaires devaient décider de rejet la proposition de loi, de l'envoyer en deuxième lecture ou de l'envoyer en commission parlementaire. Nous ne savons pas encore, à l'heure actuelle, le résultat du vote.

 

Crédit photo : Klarqa/Wikimedia Commons