Pour recenser la haine que vit la communauté LGBTI, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a questionné 140.000 personnes à travers l’UE. Et les résultats sont sans appel.
Dehors, les rayons de soleil s’accrochent au béton. Et les amoureux profitent du déconfinement pour flâner, rêvasser et s’embrasser. Enfin pas tous. Car dans l’espace public, 60 % des Français LGBT+ ne se tiennent pas la main afin d’éviter toute discrimination ou acte violent. Pour arriver à ces chiffres l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a questionné 140.000 personnes à travers l’UE, le Royaume-Uni, la Serbie et la Macédoine du Nord.
Il en ressort un rapport “A long way to go for LGBTI equality”, publié ce vendredi, et réalisé sept ans après la première étude du genre. Les auteurs de l’étude notent d’ailleurs que l’évolution entre ces deux publications n’a pas été très marquée, au niveau européen. Les droits n’ont pas beaucoup évolué et les discriminations non plus. Même s’il existe des disparités de taille entre les pays. Pour cette nouvelle étude, le FRA a aussi questionné les personnes intersexes ainsi que les jeunes LGBT (15-17 ans). A ce jour, il s’agit de l’étude la plus importante réalisée sur les situations des personnes LGBTI en Europe, et la seule à intégrer les mineurs et les personnes intersexes.
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"Insultes incessantes"
Les résultats sont sans appel. Dans les lieux publics, au travail, à l’école ou dans la vie personnelle, 47% des personnes LGBT ont été victimes de discriminations au cours des douze derniers mois, en Europe. Ce chiffre grimpe même à 55% pour les femmes lesbiennes. Cependant, rares sont celles et ceux qui poussent les portes des commissariats pour dénoncer ce type de violences. Les raisons invoquées sont l’impression que rien ne changerait, la crainte d’être OUTé ou encore l’idée que “cela arrive tout le temps” et donc qu’il faut faire avec. Au travail, 20 % des Européens, comme des Français, disent avoir vécu des discriminations parce qu’ils étaient LGBT. Ces actes sont encore plus fréquents pour les personnes trans (29%).
Du côté de l’école, 90% des personnes interrogées disent avoir observé des commentaires négatifs quand une personne était perçue comme LGBT. “La pire des formes d’agression homophobe dont j’ai été victime est l’intimidation à l’école. Les insultes incessantes (…) ont été insupportables à l’école, et les enseignants n’ont pas beaucoup agi envers les auteurs !”, raconte un Maltais gay de 25 ans. De fait, 67 % d’entre eux affirment avoir caché leur sexualité pendant leur scolarité.
La France juste derrière la Pologne
Dans ce rapport du FRA, les LGBT parlent aussi de leurs agressions, de leurs craintes ou des actes de violences qu’ils et elles ont subis. Comme cette Roumaine lesbienne de 27 ans qui raconte avoir été agressée par un videur de boîte de nuit. “Il a tiré sur ma veste et je lui ai finalement dit que je n’étais pas intéressée et que j’étais homosexuelle. Après ça, lui et l’un de ses collègues se sont mis à me frapper à la tête. Je me suis évanouie et, à mon réveil, j’avais une jambe cassée.” Comme elle, ils sont 11 % d’Européens à avoir vécu des violences ces douze derniers mois. 14% pour les Français. Ce qui place la France juste derrière la Pologne ou la Roumanie (15%). Ce chiffre est encore plus haut pour les personnes trans ou intersexes : 22 %.
Toutes ces discriminations peuvent engendrer un repli sur soi mais aussi une précarité économique. 50% des personnes intersexes et trans déclarent avoir des difficultés à subvenir à leurs besoins. Une sur trois est concernée sur l’ensemble des LGBTI.
Aussi, pour tenter de mettre un terme à ces discriminations et violences “la FRA invite l’UE et ses États membres à mettre en place des mesures”. Au niveau juridique, l’organisme européen recommande de mieux pénaliser les crimes de haine, de former les forces de l’ordre à recevoir cette parole et à l’accompagner pour permettre aux victimes de porter plainte sans crainte. Au niveau scolaire, l’Agence demande que soit mis en place un environnement sain sans stéréotype. Et enfin pour lutter contre les discriminations, elle demande l’adoption de “la directive sur l’égalité de traitement afin d’étendre la protection contre la discrimination au-delà de l’emploi”. Et tout cela au niveau européen.
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