Les chiffres dévoilés samedi par le ministère de l'Intérieur indiquent une nouvelle hausse des violences LGBTphobes l'an dernier. Des chiffres critiqués car peu de victimes osent porter plainte.
Comme chaque année, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations Marlène Schiappa ont présenté samedi 16 mai les chiffres des "crimes et délits anti-LGBT enregistrés par les forces de police et de gendarmerie". En 2019, les forces de l'ordre ont ainsi recensé 1.870 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe contre 1.380 en 2018, soit une augmentation de 36 %.
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Déjà, l'année passée, les associations LGBT+ avaient parlé d'une année "noire" en termes de violences LGBTphobes, qui avaient bondi de 33 % par rapport à l'année précédente selon les forces de l'ordre, comme l'a rappelé l'AFP. "Ces chiffres (...) s'inscrivent dans un contexte plus large de progression des actes de haine et des extrémismes identitaires", ont commenté Christophe Castaner et Marlène Schiappa dans leur communiqué de presse.
300.000 euros pour l'hébergement d'urgence
Les ministres ont ensuite appelé à poursuivre et accentuer le combat contre ces violences : "Cette hausse des actes anti-LGBT appelle à une mobilisation encore accrue de l'ensemble des acteurs publics et de la société civile pour lutter contre les préjugés, les discriminations et les actes de haine anti-LGBT."
Dans le contexte du confinement, pour répondre à un "risque accru de violences intrafamiliales lié à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre", le gouvernement avait débloqué lundi 27 avril 300.000 euros pour financer de l'hébergement d'urgence, après avoir été critiqué pour sa gestion du dossier par des associations et parlementaires, y compris dans la majorité. Géré par Le Refuge en lien avec la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), ce dispositif profite désormais à une quarantaine de jeunes LGBT+, indique le communiqué.
Chiffres sous-évalués
Une application consacrée au signalement des actes LGBTphobes a aussi été lancée, vendredi 24 avril, par l'association de policiers et gendarmes LGBT+ Flag !, avec le soutien de l'État. Les chiffres des forces de l'ordre dressent aussi le profil type des victimes, qui sont en majorité des hommes de moins de 35 ans. Les violences à la personne, physiques et sexuelles, représentent 28 % de ces actes, contre 33 % pour les injures et outrages.
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Ces chiffres sont toutefois à prendre avec des pincettes, car ils ne reflètent qu'une partie de la réalité, comme le rappellent souvent les associations LGBT+. En effet, une enquête de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée en 2017 a montré que seuls 4 % des victimes d'insultes homophobes portaient plainte.
La hausse des actes LGBTphobes est préoccupante et l'ancrage de l'#homophobie dans la société n'est pas acceptable.
La lutte contre ces violences est un engagement quotidien du ministère de lâIntérieur : aucun crime ou délit ne doit rester impuni. #17maihttps://t.co/kXngUozzB7— Christophe Castaner (@CCastaner) May 17, 2020
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Pour remédier à cette situation, le gouvernement avait annoncé en 2018 la mise en place de référents LGBT dans les commissariats et gendarmeries, pour rétablir la confiance entre victimes et forces de l'ordre. Toutefois, une enquête de BFMTV.com a montré que, un an après, le compte n'y était pas encore, entre manque d'information, carences dans certaines grandes villes et missions aux contours flous.
Crédit photo : Chris93/Wikimedia Commons