policeViolente agression transphobe à Saint-Étienne, la police rechigne à se déplacer

Par Timothée de Rauglaudre le 16/06/2020
Saint-Étienne

Une jeune habitante de Saint-Étienne dit avoir subi six agressions transphobes depuis le début de l'année. Pour la dernière, particulièrement violente, la police n'a pas voulu, dans un premier temps, se déplacer.

C'est, d'après elle, la sixième fois cette année qu'elle a subi une agression transphobe. France Bleu Loire a recueilli le témoignage de Teihla, jeune femme transgenre habitant Saint-Étienne. Vendredi 12 juin dans la soirée, en rentrant chez elle en tramway dans le quartier de Solaure, elle tombe sur quatre hommes qui la harcèlent depuis des mois.

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"Ils m'ont éclaté une bouteille de vodka sur les pieds, raconte-t-elle à la radio locale. Ils m'ont mis un coup d'épaule dans le thorax, et ils m'ont dit : "Il y a mon collègue qui aimerait bien te pécho". Je leur réponds : "Tous les soirs comme ça, ça devient lourdingue, il va falloir lâcher l'affaire". Ils m'ont poussée fortement avec leur paume de leur main, au niveau de mon front. Ils m'ont aussi balancé des caillasses, des gros cailloux de cinq kilos."

Refus d'enregistrer des plaintes

Elle réussit à se réfugier chez elle mais, entre 7 heures et 10 heures du matin, ses agresseurs la retrouvent, se postent devant chez elle et sonnent en continu à son interphone. Apeurée, elle appelle la police, qui d'après elle ne se serait pas déplacée. Après avoir insisté, avec l'aide d'une association LGBT+, les forces de l'ordre finissent par venir chez elle. "Ils ne m'ont pas dit d'aller porter plainte, ils ne m'ont pas demandé si je voulais porter plainte, précise-t-elle. Ils sont juste venus prendre ma déposition et ils sont partis."

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Dans un communiqué diffusé sur Twitter, l'association Triangle rose a expliqué que cette situation n'était malheureusement pas isolée : "Depuis la période de confinement décrétée au 16 mars, notre association a reçu quatre signalements de personnes ayant subi des agressions tant physiques que psychologiques, un harcèlement parfois quotidien. Le réflexe de ces quatre personnes a bien naturellement été de contacter les forces de l'ordre afin de déposer plainte. Pour les quatre personnes nous ayant signalé des agressions LGBTphobes, pas moins de quatre dépôts de plainte ont été réalisés au commissariat. À quatre reprises, les forces de l'ordre n'ont pas souhaité intervenir et, à notre plus grand regret, les plaintes n'ont pas été enregistrées."

 

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