LGBTphobieLe gouvernement cherche une "Marlène Schiappa de droite", et il y a une drôle de candidate

Par Timothée de Rauglaudre le 25/06/2020
christine boutin

L'entourage d'Emmanuel Macron chercherait une "Marlène Schiappa de droite" pour diriger le gouvernement. "Ils vont sans doute penser à moi", a ironisé sur Twitter Christine Boutin, militante de longue date contre les droits LGBT+.

Ce ne serait plus qu'une question de semaines, voire de jours. Afin d'ouvrir la page du fameux "monde d'après" et amorcer un changement de cap pour tirer les leçons de la crise du Covid-19, le président Emmanuel Macron consulte son entourage à la recherche d'idées pour constituer un nouveau gouvernement. Les journalistes s'affairent alors à grappiller des ragots off. Quels ministres pourraient sauter, quels poids lourds de la droite libérale ou du centre gauche pourraient faire leur entrée au gouvernement ? Même Édouard Philippe pourrait quitter Matignon, une hypothèse d'autant plus plausible qu'il est en bonne position pour remporter la mairie du Havre.

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D'après une brève publiée mercredi 24 juin sur le site de Valeurs actuelles, l'Élysée aurait une drôle d'idée en tête : "L’entourage du président est à la recherche d’une nouvelle Marlène Schiappa, mais de droite, afin qu’avec ou sans Édouard Philippe la poutre continue à travailler, écrit le magazine de droite conservatrice. Comprendre : grande gueule, joueuse, capable de jouer les pare-feu pour le président, n’appartenant pas au sérail." Les internautes y sont aussitôt allés de leurs propositions. Roselyne Bachelot ? Aurore Bergé ? Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Championne de la lutte contre les droits LGBT+

Une invitée inattendue s'est finalement manifestée sur Twitter. S'adonnant à son lyrisme habituel, l'ancienne ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin a commenté, sous le tweet de Valeurs actuelles partageant la brève : "Ils vont sans doute penser à moi !!! Lol". En effet, lol. Reconvertie depuis son retrait de la vie politique en 2017 en twitteuse compulsive, occasionnellement étudiante en théologie - il était temps d'apprendre les valeurs chrétiennes dont on se réclame depuis quarante ans - à l'Institut catholique de Paris, la fondatrice et présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate a un curriculum vitæ particulièrement fourni en termes d'opposition bruyante aux droits des personnes LGBT+ et des femmes.

Après s'être engagée en politique en réaction à la loi Veil de 1975 qui a dépénalisé l'avortement, un "coup de poignard dans le cœur" pour Christine Boutin, celle-ci voit surtout sa carrière décoller lorsqu'elle pourfend le projet de pacte civil de solidarité (PACS) en tant que députée UDF des Yvelines. À travers l'Alliance pour les droits de la vie qu'elle a fondée en 1993, devenue depuis l'association anti-IVG Alliance VITA, elle manifeste aux côtés de dizaines de milliers de Français dont on peut entendre certains crier "Les pédés au bûcher". En 1998, à la tribune de l'Assemblée nationale, elle tient un discours anti-PACS de 5h25 sans interruption.

"L'homosexualité est une abomination"

"Je ne crois pas qu'il soit bon d'ériger en norme l'homosexualité, peut-on alors l'entendre dire en interview. L'homosexualité est par nature la difficulté d'atteindre l'autre dans sa différence et, quand on ne peut pas atteindre l'autre dans la différence, c'est l'exclusion." Des propos qu'elle assume complètement vingt ans plus tard. Elle n'a d'ailleurs jamais vraiment mis fin à ses sorties homophobes. En 2013, elle affirme : "On est envahis de gays." Puis, en 2014 à la revue Charles, se référant à une lecture un peu datée de l'Ancien Testament : "L’homosexualité est une abomination." Des propos qui lui ont valu des poursuites judiciaires.

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Alors, Christine Boutin, avec son franc-parler, sa défense des valeurs ultraconservatrices et son homophobie décomplexée, ferait-elle une bonne version droitière de la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations, qui disait en décembre 2019 être "toujours de gauche", malgré son appartenance à une majorité présidentielle libérale ? Leurs conceptions de l'égalité des sexes ainsi que des orientations sexuelles et identités de genre sont en tout cas, c'est incontestable, diamétralement opposées. Marlène Schiappa avait d'ailleurs condamné en juin 2019 les "délires homophobes" de la députée LREM de l'Oise - depuis exclue du groupe parlementaire, désormais membre du groupe UDI - Agnès Thill, qui avait alors reçu le soutien de... Christine Boutin.

 

Crédit photo : Marie-Lan Nguyen/Wikimedia Commons