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vacancesJ'ai fait du stop jusqu'en Finlande, et ces vacances ont changé ma vie

Par Nicolas Scheffer le 22/07/2020
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[Nos amours de vacances 3/5] Pour ses vacances, Paul a fait du stop jusqu'en Finlande. Alors qu'il touchait au but, sur les hauteurs de Talinn en Estonie, il s'est passé quelque chose. Quelque chose qui a changé sa vie.

Après une année intense à préparer des concours, je voulais m'offrir un voyage en solitaire. Il fallait que je me recentre sur moi-même alors j'ai fait du stop... jusqu'à Helsinki en Finlande. C'était il y a deux ans et pour vivre l'expérience jusqu'au bout, je suis parti sans même prendre de quoi écouter de la musique alors ça donne l'occasion de cogiter. Trois jours avant mon retour en avion, je me suis posé sur les remparts de Talinn en Estonie.

C'était un endroit fabuleux où j'ai pu réfléchir à ma vie sentimentale. Ce soir là, j'ai compris que j'étais intéressé par les garçons.

J'avais été en couple avec une fille, mais je me rendais compte que je n'étais pas bi pour autant. J'ai pris conscience que je regardais les garçons avec envie et non pas pour me comparer physiquement. J'avais déjà joué à touche-pipi avec des mecs en soirée, mais ça ne comptait pas vraiment. Ce soir là sur les remparts, je me suis rendu compte que j'avais été amoureux d'un garçon alors que je pensais jusqu'alors que ce n'était que de l'amitié...

Comprendre que j'étais homo, ça a été une révélation, plus qu'un cheminement. Je ne m'étais jamais vraiment posé la question. Là, enfin j'ouvrais les yeux sur qui j'étais vraiment ! Ce moment m'a un peu submergé et je me suis mis à pleurer. Ce n'était pas des larmes de tristesse, mais plutôt de me rendre compte que je commençais une nouvelle vie et ce que ça allait impliquer dans mon quotidien. Quand on voyage, on est souvent porté par des émotions fortes.

Une page blanche dans son carnet de voyage

Être à l'étranger, c'est la possibilité de prendre du recul et de ne pas subir les injonctions de la société. Pendant ce voyage, je notais ce qui m'arrivait dans un carnet et je me suis rendu compte que j'avais pas écrit cette scène. Passer par écrit, c'est verbaliser et accepter, je crois que j'avais encore besoin d'un peu de temps pour le faire. Ce n'est que plusieurs mois après que j'ai écrit le passage. Quand j'en ai parlé à mes amis, c'était aussi lors d'un voyage, à Rome cette fois. Je n'avais pas anticipé que je leur en parlerait mais c'est sorti tout seul. C'est plus simple dans un contexte de détente. Et puis, il y a cet état d'esprit que ce qui se passe au sein du voyage reste dans le voyage. C'est une sorte de bulle dans la réalité.

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Auprès de mes parents, mon coming out a été plus classique. J'aurais bien aimé leur présenter un amoureux, mais j'allais pas non plus leur faire rencontrer un plan cul...! C'est important dans le cheminement d'acceptation de soi et puis, ça permet qu'on arrête de me demander si j'ai une copine. Tous les ans, je repense avec un peu de nostalgie à ce voyage à travers l'Europe. Je dirais même que j'y suis plus attaché qu'à mon anniversaire. J'ai le sentiment d'avoir dû aller en terre étrangère pour ne plus être étranger à moi-même.

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Crédit photo : PxHere...