livres20 biographies queers à lire sur la plage (ou ailleurs)

Par Guillaume Perilhou le 24/07/2020
biographies

Et si on profitait de l'été pour en apprendre davantage sur nos icônes ? De Lagerfeld à Michel Foucault, en passant par Dusty Springfield ou Bilal Hassani, voici 20 biographies ou autobiographies à dévorer sur son transat.

 

  • Kaiser Karl, Raphaëlle Bacqué (Le Livre de poche)

La vie du créateur de génie, de sa rivalité de toujours avec Yves Saint Laurent à son amour des livres, de l’art et de Jacques de Bascher. Une biographie impossible, celle d’un homme qui aura passé une grande partie de son existence à mystifier sa vie et ses origines, dans laquelle Raphaëlle Bacqué, étrangère du milieu de la mode, raconte sa découverte d’un monde mystérieux d’admirations et de rancoeurs autour de celui qui ne voulait rien dévoiler. A enchainer en poche avec l’excellent Beautiful People d'Alicia Drake.

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  • Le Secret Hemingway, Brigitte Kernel (Flammarion)

C’est l’histoire d’une femme qui mettra 64 ans a enfin vivre sa transidentité. Dans ce roman biographique, Brigitte Kernel, productrice des émissions littéraires sur France Inter, donne une voix à Gloria Hemingway, la fille transgenre du vénérable auteur Du vieil homme et la mer. L’histoire complexe et déchirante d’une femme trans doublée d’une réflexion sur le poids forcément écrasant d’un père devenu très tôt une légende.

  • Peggy dans les phares, Marie-Ève Lacasse (J’ai lu)

Le roman de Peggy Roche, styliste et journaliste de mode influente, femme d’un grand résistant et de Claude Brasseur. Compagne discrète, aussi, pendant vingt ans, de Françoise Sagan. Par l’alternance de chapitres narratifs et de récits fictifs à la première personne, Peggy dans les phares rend justice à celle qui fut sans doute la personne la plus importante de la vie de l’écrivaine.

  • Dusty Springfield, Dancing with Demons: The Authorised Biography of Dusty Springfield  de Penny Valentine et Vicki Wickham (en Anglais)

Possiblement de la meilleure biographie musicale jamais écrite. Dans ce texte en Anglais, Vicki Wickham, l’ex-manageuse de la chanteuse, et la journaliste Penny Valentine lèvent le voile sur la vie privée d’une des chanteuses lesbiennes les plus connues de la soul anglaise : Dusty Springfield. De sa jeunesse dans le Buckinghamshire aux tubes 80 écrits par Pet Shop Boys en passant par son succès monstre aux Etats-Unis, « Danser avec les démons » raconte l’envers de la vie d’une lesbienne superstar, terrifiée à l’idée de tout perdre si les tabloids révélaient son homosexualité. Le meilleur moyen de partir à la découverte de cette icône qui aura une influence déterminante sur Adele et Amy Winehouse.

R.B.

  • Act Up, une histoire de Didier Lestrade (Impacts, Denoël)

Ce n’est pas vraiment autobiographie. Quoique. Il s’agit plutôt d’une lecture politique et réflective sur l’expérience Act up. Raconté avec ce style direct qui fait la patte de son auteur, le livre raconte  de l’intérieur 10 ans d’activisme de 1989 à 1999 : la construction d’un groupe, sa cohésion, ses protagonistes, ses réussites, ses erreurs… Dans une seconde partie, plus personnelle, Didier Lestrade revient sur son parcours. Grande gueule, cofondateur d’Act-Up et de TÊTU et figure controversée du militantisme homosexuel français Didier Lestrade est une voie qui a compté dans la construction d’une identité politique de l’homosexualité. Le livre servira de trame à 120 Battements par minute, le film de Robin Campilo.

R.B.

  • Richie, Raphaëlle Bacqué (Le livre de poche)

Une autre enquête biographique signé de la grand reporter du Monde, cette fois consacrée à Richard Descoings. Cet homme fascinant fut le directeur influent de Sciences Po, proche des puissants, autoritaire sanguin et homosexuel nocturne. Compagnon de Guillaume Pepy, ancien patron de la SNCF, Descoings épousa celle qui fut son adjointe jusqu’à sa mort à Manhattan, seul dans une chambre d’hôtel en 2012. Une vie d’excès et de pouvoirs qui se lit comme un roman.

  • Jacques de Bascher, dandy de l’ombre, Marie Ottavi (Séguier)

Amour de toujours de Karl Lagerfeld et amant d’Yves Saint Laurent, Jacques de Bascher fut un dandy hors du temps, aristocrate oisif et provocant, rebelle et incandescent. Objet de la brouille, aussi, entre les deux créateurs. Lagerfeld ne se remit jamais vraiment du départ, des suites du sida, de celui qui fut sa muse et pour qui il acheta à Hambourg une demeure magnifique, qu’il nomma Villa Jako.

  • Freddie Mercury and me de Jim Hutton (en Anglais)

Freddy Mecury raconté par l’amour de sa vie. Après un biopic hollywoodien discutable (« Bohemian Rhapsody »), voilà découvrir la vérité sur la vie du leader de Queen par celui qu’il l’a connu le mieux. Jim Hutton coiffeur irlandais qui sera le grand amour de Mercury. Son dernier aussi puisqu’il accompagnera le leader jusqu’à sa mort liée au sida en 1991. Il avait 45 ans. Seulement.

R.B.

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  • Yves Saint Laurent, le soleil et les ombres, Bertrand Meyer-Stabley et Lynda Maache (Bartillat)

Riche biographie parue dix ans après la mort de celui qui reste sans doute comme le plus grand couturier de son époque. Dépressif chronique, artiste génial, angoissé merveilleux, Yves Saint Laurent fut précurseur du prêt à porter et du costume féminin. « La gloire est le deuil éclatant du bonheur », écrivait Mme de Staël que citait Pierre Bergé pour parler du compagnon de sa vie.

  • Dustan superstar, Raffaël Enault (Robert Laffont)

Dustan restera-t-il dans l’histoire de la littérature ? Il est en tout cas présent dans la mémoire de beaucoup. L’auteur de Dans ma chambreJe sors ce soir ou Plus fort que moi était un être radical comme son écriture est tranchante. Enarque et fêtard, énarque et superstar, Guillaume Dustan écrivait comme il parlait, vite et d’un seul trait. Ses textes inspirent aujourd’hui de nombreux auteurs.

  • Hervé Guibert ou les morsures du destin, Frédéric Andrau (Séguier)

Peut-on parler de lui comme le plus grand écrivain gay français ? Sans doute. Nul besoin de rappeler son influence à lui aussi. D’une enfance classique en banlieue parisienne à son tombeau princier de l’île d’Elbe, auteur d’une oeuvre considérable et magnifique, crue parfois, poétique souvent et enfin traduite aux Etats-Unis, Hervé Guibert fut l’écrivain d’une époque, celle des années 1980, des peurs et des amours qui meurent. Indispensable.

  • Moi Elton John, Elton John (Albin Michel)

Sir Elton Hercules John, né Reginald Kenneth Dwight en 1947 dans les faubourgs de Londres, se retourne pour la première fois sur sa vie. Ami de Lennon et de Mercury, Lady Di ou Lady Gaga, Elton John écrit les pages assez souvent drôles d’une existence tourmentée et brillante.

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  • Journal intégral, Julien Green, Bouquins (Robert Laffont)

L’écrivain catholique de la droite de la seconde moitié du XXe siècle avait signé en 1938 un journal caviardé, duquel il manquait l’essentiel : le cul, aussi absent de la première édition que présent dans la vie du jeune Julien dont les amours masculines comptaient infiniment plus que le reste, comme, par exemple, la guerre à venir. Vérité rétablie 80 ans plus tard. On comprend à la lecture de centaines de descriptions pourquoi elles étaient arrachées.

  • La Course à l’abîme, Dominique Fernandez (Le livre de poche)

Dominique Fernandez se dit le premier écrivain ouvertement gay de l’Académie française, oubliant Jean Cocteau un peu trop vite. Italianiste de renom, Fernandez a écrit toute sa vie sur le pays éternel. C’est ici le Caravage qu’il dépeint dans une longue fresque romancée, sa vie son oeuvre de marginalité et d’amour des mauvais garçons qui révolutionna la peinture, « d’un érotisme jamais vu ».

  • When We Rise: My Life in the Movement, de Cleve Jones (en Anglais)

Comment devient on un activiste ? Parce qu’on n’a pas le choix. C’est ce que l’on comprend à la lecture de cette autobiographie de Cleve Jones. Militant LGBT, petit frère de coeur de Harvey Milk,  Cleve Jones aura un impact déterminant sur le militantisme queer américain. Un engagement démarré dans les années 70 et qui sera marqué par l’assassinat de Harvey Milk et l’apparition d’une « grande maladie avec un petit nom », comme le chantait Prince, le Sida. Le virus arrachera des dizaines d’amis à Cleve Jones. Pour leur rendre hommage, il co-fondera la San Francisco AIDS Foundation et la AIDS Memorial Quilt. Ce livre sera le point de départ de la mini série écrite par le scénariste Dustin Lance Black et produite par Gus Van Sant (Harvey Milk, Elephant). R.B.

  • Moi, j’embrasse, de Clément Grobotek (Plon)

Paris coute cher. Trop cher. Surtout quand on est un jeune garçon un peu paumé qui arrive de province. Alors « pour payer ses factures », Clément va se prostituer, sa jeunesse et sa belle gueule en bandoulière. Dans un récit intime, mené avec aplomb mais sans prétention, le jeune homme raconte tout : les clients, la drogue, les tarifs, les excès. Un an et demi travail du sexe dans les soirées branchée et l’univers du luxe qui ont bien failli avoir sa peau. Un parcours hardcore mais un récit touchant.

R.B.

  • Vivre vite, Philippe Besson (10/18)

Il était le symbole de la beauté, de la jeunesse, des stars mortes jeunes et des drames qui leurs sont liés. James Dean a fasciné Philippe Besson qui raconte ici sa vie sous forme de roman et à travers ses proches. L’écrivain, dont on salue sa dernière trilogie personnelle, avait aussi signé en 2004 Les Jours fragiles, journal fictif de la soeur de Rimbaud.

  • Vie de David Hockney, Catherine Cusset, (Folio)

Il est le peintre vivant le plus cher du monde, né en Angleterre, parti en Californie, aujourd'hui en Normandie. Catherine Cusset livre un portrait émouvant de cet homme si vivant qui par son art a réussi à rendre le monde un peu plus gai. « Personne n’était attiré par la tristesse et la mélancolie. Mais par la gaieté, la force, le bonheur, oui. »

  • Singulier, Bilal Hassani (Plon)

De la banlieue parisienne au concours de l’Eurovision, de YouTube à la scène de l’Olympia, Bilal Hassani raconte les 19 premières années de sa vie si singulière. Son homosexualité, sa passion pour les wigs, sa relation aux haters… ce petit livre (144 pages) est également l’occasion pour le chanteur/Youtubeur de rendre hommage à sa mère.

R.B.

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  • Ce qu’aimer veut dire, Mathieu Lindon (Folio)

Journaliste à Libération, écrivain couronné, Mathieu Lindon fut aussi un ami de Michel Foucault. « Je l’ai connu six ans durant, jusqu’à sa mort, intensément, et j’ai vécu une petite année dans son appartement. » On lit un pan de la vie d’un intellectuel qui a, si ce n’est changé le monde, changé la vie de Mathieu Lindon.