Dans un document de 77 pages, Human Rights Watch lève le voile sur les tortures, les violences physiques ou sexuelles et le harcèlement que subissent les hommes homosexuels, les personnes non-binaires et les femmes transgenres en Syrie. Des crimes commis aussi bien par groupes pro-gouvernementaux que par des militants de groupes non-étatiques comme l'État islamique.
C'est un rapport accablant que vient de publier Human Rights Watch (HRW). L'organisation humanitaire a recueilli la parole de 40 personnes LGBT+ et trois hommes hétérosexuels ainsi que plusieurs acteurs sociaux et représentants d'organisations humanitaires. Des témoignages recueilli au Liban, pays où ces survivants ont pu fuir.
Viols, mutilations, de chocs électriques
Dans ce rapport de 77 pages, publié mercredi 29 juillet et intitulé « ‘They Treated Us in Monstrous Ways’: Sexual Violence Against Men, Boys, and Transgender Women in the Syrian Conflict » ("Ils nous traitaient de manière monstrueuse : violences sexuelles contre des hommes, des garçons et des femmes transgenres dans le cadre du conflit syrien"), HRW documente les humiliations, les brutalités et les violences sexuelles infligées à des civils homosexuels, trans ou non-binaires par des responsables gouvernementaux et des groupes armés non étatiques, mais aussi par des militants de l'État islamique.
Sexual violence against men in Syria;
Police violence in Turkey;
Hong Kong uses new law to stifle freedoms;
Uganda comedians released;
Cameroon investigates missing Covid-19 funds;
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— Human Rights Watch (@hrw) July 29, 2020
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Ce document, dont la lecture est difficile tant les témoignages sont précis et choquants, fait état de mutilations, de chocs électriques, de séances de tabassage, de brûlure des organes génitaux, de viols ou de nudité forcée. Des actes humiliation ou de violence qui se sont produits au sein même des prisons d'État, des postes de contrôle ou dans les centres de détention.
Jeté d'un haut bâtiment
Yousef, un homosexuel de 28 ans arrêté et torturé par les agences de renseignement syriennes témoigne : "Les niveaux d’agression ont été décuplés, selon moi. Ils le faisaient avec joie. Ils nous violaient avec des bâtons, bien-sûr. Ils vous violent juste pour vous voir souffrir, crier. Pour vous voir humilié. C’est ça qu’ils aiment voir. Après avoir enfoncé un bâton dans mon anus, ils m’ont dit : 'C’est ça que tu aimes, tu n’aimes pas ça ?' Ils l’ont fait remonter jusqu’à mon estomac."
Naila, une femme trans de 21 ans, a quant à elle expliqué avoir été victime d’un viol en réunion dans une prison centrale où elle était incarcérée à l'époque où elle n'avait que 15 ans : "Ils m’ont inséré un manche à balai dans l’anus. Une violente hémorragie a éclaté et nous avons été mutilés."
En plus d'être pris pour cibles par les forces syriennes, les hommes et garçons gays ou bisexuels et des personnes transgenres ont également la cible de l'État islamique (EI) dans les zones contrôlées par l'organisation. L'État islamique a ainsi exécuté des hommes gays, bi et des personnes transgenres en les jetant des immeubles de grande hauteur. Amal, une femme transgenre de 26 ans, qui a été arrêtée par l'État islamique, a vu l'un de ses amis homosexuels être jeté d'un haut bâtiment. Elle a réussi à fuir.
Souffrances physiques et émotionnelles
Pour les rescapés, les souffrances sont très graves. D'abord sur le plan physique, le document de HRW fait état de "vives douleurs au rectum et aux organes génitaux, de saignements du rectum et de courbatures, et peuvent aussi avoir contracté des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH". Mais les dégâts psychologiques et émotionnels sont tout aussi terribles : dépression, des troubles de stress post-traumatique, des traumatismes sexuels, désespoir et paranoïa.
Selon Human Right Watch, le taux de violence sexuelle sur les personnes LGBT a atteint des "sommets vertigineux" lors des dernières années du conflit. Après neuf ans d'un contexte de guerre qui a fait près de 400.000 morts, où les civils ont énormément souffert tandis que le gouvernement du président Bashar al-Assad bombarde ce qu'il reste du mouvement rebelle, ces violences à l'égard des hommes gays, bi ou des femmes transgenres sont largement ignorées.
HRW rappelle également que ce n'est qu'en 2013 que le Conseil de sécurité de l’ONU a reconnu pour la première fois dans sa résolution 2106 que les violences sexuelles en période de conflit concerne aussi les hommes et les garçons. Toujours selon le même rapport, les zones de guerre en Syrie ont vu la haine à l'égard les personnes LGBT+ ont explosé avec l'intensité du conflit civil.
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