Marlène Schiappa a annoncé son intention d'interdire les "thérapies de conversion". Depuis trois ans, la députée de l'Allier, Laurence Vanceunebrock-Mialon, travaille sur une proposition de loi allant dans ce sens. L'élue craint que son texte soit dénaturé par la ministre.
L'autrice de la proposition de loi pour interdire les "thérapies de conversion" a dû s'étrangler en lisant Le Parisien samedi dernier. Laurence Vanceunebrock-Mialon y apprend que Marlène Schiappa, la Ministre déléguée à la Citoyenneté, s'approprie son combat depuis trois ans pour faire interdire les "thérapies de conversion".
A priori, une bonne nouvelle, sauf que la députée (LREM) de l'Allier avait réussi à inscrire une proposition de loi ambitieuse dans le calendrier parlementaire. L'élue ouvertement lesbienne explique à TÊTU en quoi elle est particulièrement inquiète pour le texte... et doute de la sincérité de l'engagement de Marlène Schiappa.
Comment avez-vous appris le soutien de Marlène Schiappa à l'interdiction des prétendues "thérapies de conversion" ?
Je n'ai pas été prévenue. Je l'ai appris par la presse, ce qui n'est pas normal. Cela fait bientôt trois ans que je me bats pour que soit entendu le sujet des "thérapies de conversion". Lorsque j'essayais d'alerter, le gouvernement n'en n'avait cure. Fin 2017 ou début 2018, j'ai rencontré Marlène Schiappa, je lui ai parlé des "thérapies de conversion". Après cela, plus de son, plus d'image : on n'a jamais travaillé ensemble sur le sujet. Je suis surprise qu'une fois que le travail est fait, que le texte est déposé, elle veuille le récupérer à son compte.
Quel est l'état de vos relations avec Marlène Schiappa ?
J'ai été contactée par le cabinet de Marlène Schiappa quand elle a obtenu son nouveau porte-feuille ministériel. On m'a demandé si j'étais prête à travailler avec elle et à mettre de côté nos désaccords (notamment sur des fonds qui n'ont pas été alloués aux travailleur-ses du sexe). Je suis constructive. Mais si je veux bien travailler avec Mme Schiappa, je ne veux pas travailler pour elle (elle appuie sur le "pour", ndlr). Le travail que j'ai fait pendant trois ans, c'est pas une copie que je remets sur le bureau de Mme Schiappa. C'est une proposition de loi que j'ai eu des difficultés à faire déposer. Je trouve la méthode assez cavalière.
Marlène Schiappa a évoqué des amendements au projet de loi sur les séparatismes. En quoi cela va modifier la portée de votre texte ?
Christophe Castaner (le président de groupe à l'Assemblée, ndlr) trouve le texte trop long et a peur des amendements de l'opposition, alors que j'ai bien travaillé avec Bastien Lachaud (LFI). Christophe Castaner voudrait que je sabre une partie de ce texte.
En inscrivant ce texte dans une loi sur les séparatismes, on va mettre de côté tout ce qui touche aux "thérapies" médicales. Il va également mettre de côté les familles qui sont concernées qu'elles soient catholiques, musulmanes ou juives. Globalement, j'ai l'impression qu'on va disloquer le texte, en prendre de petites parties qui intéressent la communication de Marlène Schiappa et le reste va disparaître. Je maintiens l'idée que ce texte doit être discuté rapidement pour que ce soit voté et promulgué avant 2022. On est capable de le faire.
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