Une centaine d'élèves ont choisi de porter une jupe au lycée pour dénoncer le deux poids deux mesures du code vestimentaire imposé par l'établissement. Les filles doivent porter une jupe 10 centimètres au-dessous des genoux quand les garçons n'ont pas de telles restrictions à propos des shorts.
La journée de la jupe version québécoise. À 16 ans à peine, ces étudiants ont une belle leçon à nous donner. Quelques 100 élèves sont arrivés en jupe à leur lycée de Gatineau au Quebec. Ils souhaitent ainsi dénoncer les exigences sexistes de l'établissement qui selon eux fait perdurer ainsi une forme de masculinité toxique. Le règlement intérieur de l'établissement prévoit que les filles doivent porter des jupes... 10 centimètres au-dessous des genoux. Évidemment, ce règlement ne prévoit pas de telles restrictions pour les garçons et la taille de leurs shorts, par exemple.
Deux jours avant son "happening", Zachary Paulin, 16 ans, a dit à ses camarades de classe qu'il comptait porter une jupe le vendredi 9 octobre, raconte Pinknews. "Je savais qu'on allait en parler, mais je ne m'attendais pas à ce qu'autant de garçons me suivent ! J'ai été très agréablement surpris", a-t-il raconté à la chaîne de télé CBC. "Aujourd'hui, vous allez probablement voir pas mal de garçons, dont moi, porter une jupe. La raison est toute simple : c'est un symbole de résilience, de solidarité à la bataille intersectionnelle pour l'égalité de genre", développe l'étudiant sur Instagram.
"On ne porte pas le même regard sur les femmes et les hommes"
Il développe son message. "On ne porte pas le même regard sur les femmes et sur les hommes, c'est flagrant. Si une femme choisit de porter un costume ou un pantalon, des vêtements associés avec la masculinité, on ne lui dira pas grand chose. Mais si un homme s'habille de manière féminine, par exemple en portant du vernis à ongles, du maquillage ou dans ce cas, une jupe, on le pointe du doigt et il se fait insulter. Les gens lui disent que ce n'est pas 'un vrai homme' et vont automatiquement lui assigner une orientation sexuelle", regrette-t-il.
Un déguisement d'Halloween ?
"La jupe représente parfois un moyen pour les établissements scolaires d’abuser du code vestimentaire. Quand elles se font agresser, les agresseurs "excusent leur geste" (sic) en sexualisant les femmes. En portant la jupe, nous sommes solidaires envers les femmes à qui on dit de cacher leur corps. Nous lançons un message contre la masculinité toxique qui empêche les garçons d'être ce qu'ils sont vraiment. On n'accepte pas la discrimination, l'homophobie, le sexisme. C'est ce que représente notre jupe."
Le principal de l'établissement privé a jugé que l'action n'a pas été largement soutenue au sein du lycée. Mais les professeurs en ont profité pour parler à leurs élèves de masculinité toxique, de droits des personnes LGBT+ et du besoin d'interroger aussi bien les filles que les garçons en classe. Ce happening n'est surtout pas passé inaperçu au Québec.
Xavier Dolan ne tarit pas d'éloge pour féliciter ces garçons. "À part pour un déguisement d'Halloween, je n'arrive pas à imaginer que quelque chose d'aussi incroyable aurait pu se produire quand j'étais au secondaire. (...) Je cherche chaque jour des bonnes nouvelles, souvent en vain. En voilà une !", écrit le réalisateur star.
La France a également connu une récente vague de polémiques sur le tenues vestimentaires des filles au lycée. Plusieurs établissements scolaires ont refusé l’entrée à des jeunes filles en raison de vêtements jugés "provocants". Quelques garçons avaient osé le crop top improvisé.
Il a tenu sa parole @Pleca33 soutiens à toute les meufs #Lundi14Septembre pic.twitter.com/DRXxQ0gMIy
— hugo perret (@hug0_perret) September 14, 2020
Crédit photo: capture instagram