Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Dakar pour réclamer la criminalisation de l'homosexualité au Sénégal. Les relations homosexuelles dans ce pays d'Afrique francophone sont déjà un délit pénal.
Six jours après la journée mondiale contre l'homophobie, une manifestation sur le sujet a eu lieu ce dimanche 23 mai à Dakar, capitale du Sénégal. Mais les manifestants n'étaient pas là pour réclamer des droits pour les personnes LGBT ni dénoncer les LGBTphobies dans cet État de l'Afrique de l'Ouest, au contraire ils ont prôné la criminalisation de l'homosexualité, dans un pays où les rapports homosexuels sont déjà pénalisées. Leur mot d'ordre : que les peines encourues passent de 5 à 10 ans.
C'est le Rassemblement islamique du Sénégal qui a appelé à cette manifestation au nom "des valeurs correctes", rapporte Africa News. À la tribune, l'homophobie est assumée. Ousmane Kouta, le représentant d'un groupe religieux étudiant, lance ainsi devant les centaines de personnes réunies que le Sénégal doit rester fidèle à ses "valeurs", c'est-à-dire selon lui : "Il est homophobe et le restera pour toujours". "Nous les tuerons ou nous les brûlerons vifs [les homos, ndlr]. Nous n'accepterons jamais l'homosexualité", renchérit Demba Dioup, un responsable municipal cité par le média africain. Selon les images de Senegal7, un drapeau LGBT a été brûlé lors de la manifestation.
Le président du Sénégal contre les droits LGBT
L'homophobie est telle dans le pays que le gouvernement sénégalais a assuré qu'il ne légaliserait jamais l'homosexualité. "Il faut que les gens apprennent à respecter nos croyances et nos convictions. Au nom de quoi, l'homosexualité dépénalisée doit être une loi universelle ?", déclarait ainsi le président sénégalais, Macky Sall, en 2015. Une position qui n'a pas évolué depuis. "Les lois de notre pays obéissent à des normes qui sont le condensé de nos valeurs de culture et de civilisation. Cela n’a rien à voir avec l’homophobie. Ceux qui ont une orientation sexuelle de leur choix ne font pas l’objet d’exclusion", affirmait-il encore en 2020.
L'homophobie est largement entretenue par les associations religieuses, notamment l'ONG islamique Jamra, qui prétend défendre "les valeurs morales" du Sénégal. "Dans le pays, il y a 95% de musulmans et 4% de catholiques. 99% de croyants ! Il est normal qu'on rejette l'homosexualité. C'est contre-nature, un homme va avec une femme, il ne faut pas être égoïste", soutenait auprès de France Culture, en septembre dernier, le vice-président de l'ONG, Mame Mactar Gueye.
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Auprès de RFI, Djamil Bangoura, l'un des seuls militants LGBT à pouvoir prendre la parole, résumait en juin dernier : "L'État n’est pas le principal problème. Le principal problème, c’est la société civile qui nous a abandonnés. On ne peut conscientiser personne. C’est pour cela que les Sénégalais continuent de rejeter l’homosexualité". Argument balayé par le président de la république sénégalaise, déjà en 2015 : "Les militants n'ont pas de difficultés avec le gouvernement, est-ce qu'il auront des difficultés avec la société, ça c'est une autre affaire…".
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