sportÀ Tokyo, Laurel Hubbard sera la première sportive transgenre de l'histoire des JO

Par Tessa Lanney le 21/06/2021
Laurel Hubbard, première athlète transgenre de l'histoire des JO

Sélectionnée pour les JO de Tokyo cet été 2021, l'haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard sera la première sportive transgenre de l'histoire à participer aux Jeux Olympiques.

Laurel Hubbard fait preuve d'une force extraordinaire, tant physique que morale. Un parcours exceptionnel qui va faire de l'haltérophile néozélandaise la première personne transgenre de l'histoire à participer aux Jeux Olympiques, pour les JO de Tokyo 2021 qui doivent démarrer le 23 juillet. L'annonce de sa sélection a été faite ce lundi 21 juin.

Lors de l'épreuve de qualification, Laurel Hubbard a soulevé quelque 185 kg en deux levées. Soit le poids d'un poney. Elle concourra donc à Tokyo dans la division des poids super-lourds féminins. Autre exploit : du haut de ses 43 ans, elle sera aussi l'haltérophile la plus âgée des Jeux.

Les exigences du CIO pour les athlètes trans

Le parcours de cette athlète n'a pourtant pas été de tout repos, comme le rappelle le média néozélandais Stuff. Après avoir remporté une médaille d'or aux Championnats du monde d'haltérophilie en 2017, elle se blesse l'année suivante lors des Jeux du Commonwealth. Ce qui ne l'empêchera pas de remporter l'or aux Jeux du Pacifique, à Samoa, en 2019. Elle avait alors exprimé sa reconnaissance pour le soutien des Néo-zélandais : "Lorsque je me suis cassé le bras aux Jeux du Commonwealth il y a trois ans, on m'a informé que ma carrière sportive était probablement arrivée à son terme. Mais votre soutien, vos encouragements et votre aroha (amour) m'ont fait traverser les ténèbres."

Un palmarès impressionnant pour cette athlète qui avait déjà établi des records nationaux en compétition junior, sous son nom de naissance. Elle avait notamment obtenu un total combiné de 300 kilogrammes à l'arraché et à l'épaulé-jeté. À l'âge de 35 ans, elle fait sa transition puis se bat pour se faire une place dans la catégorie féminine. Laurel Hubbard remplit ainsi toutes les exigences des règlements du Comité international olympique concernant les athlètes trans et la compétition équitable.

LIRE AUSSI >> Megan Rapinoe recadre Caitlyn Jenner après ses remarques déplacées sur les athlètes trans

"L'objectif sportif primordial est et reste la garantie d'une compétition loyale", précise le Comité international olympique concernant les athlètes trans. Pour se plier aux exigences du CIO, l'haltérophilie a déclaré que son identité de genre était bien celle d'une femme, une déclaration irrévocable pour un minimum de quatre ans. Son niveau total de testostérone s'est par ailleurs révélé inférieur au plafond de 10 nanomoles par litres, exigé sur une période de 12 mois avant sa première compétition.

"J'espère que les gens pourront garder l'esprit ouvert"

Certaines ne voient pas d'un bon oeil cette qualification. C'est le cas de la compétitrice belge Anna Vanbellinghen, qui va jusqu'à parler de "mauvaise blague" pour les autres concurrentes : "Quiconque a entraîné l'haltérophilie à un niveau élevé sait que cela est vrai dans ses os : cette situation particulière est injuste pour le sport et pour les athlètes". L'athlète convient néanmoins que la question de la participation des personnes transgenres aux compétitions sportives est délicate à trancher juridiquement, et n'élude pas non plus le contexte de transphobie qui entoure le débat, mais ne voit pas de solution qui satisferait toutes les parties.

LIRE AUSSI >> Jérémy Stravius, Céline Dumerc… Qui sont les athlètes qui ont fait leur coming out sur Canal+

"Nous reconnaissons que l'identité de genre dans le sport est une question très sensible et complexe nécessitant un équilibre entre les droits de l'homme et l'équité sur le terrain de jeu", a déclaré de son côté la directrice générale du Comité olympique néo-zélandais, Kereyn Smith, apportant son soutien à "l'athlète engagée" : "En tant qu'équipe néo-zélandaise, nous avons une forte culture de manaaki [hospitalité], d'inclusion et de respect de tous." La concernée s'était déjà exprimé sur le sujet en 2017, avant sa transition, sur Stuff : "Je suis conscient que je ne serai pas soutenu par tout le monde, mais j'espère que les gens pourront garder l'esprit ouvert et peut-être regarder ma performance dans un contexte plus large". Pour cela, donc, rendez-vous désormais à Tokyo !

LIRE AUSSI >> Rose Walls dans TÊTU : "Personne n'est libre tant que les plus marginalisées ne le sont pas"

Crédit photos : WeightLifting World/capture d'écran YouTube