Ce samedi 19 juin sur Canal+, le documentaire Faut qu'on parle brise un peu plus le tabou de l'homosexualité dans le sport, avec le coming out de plusieurs athlètes en activité. Focus sur ces champion·ne·s qui n'ont plus peur de se cacher.
Crédit photos : Canal+
C'est au sein du documentaire Faut qu'on parle, diffusé pour la première fois ce samedi 19 juin 2021 à 23h sur Canal+ (à la demande sur MyCanal), que six athlètes professionnels et en activité ont décidé de parler ouvertement, face caméra, de leur homosexualité. Il s'agit de la judokate Amandine Buchard, du patineur artistique Kévin Aymoz, du rugbyman Jérémy Clamy-Edroux, de la basketteuse Céline Dumerc, de l'escrimeuse Astrid Guyart et du nageur Jérémy Stravius (voir la bio de chacun·e sous l'article). Pour ces cinq derniers – Amandine Buchard en avait déjà parlé – c'est même leur coming out médiatique, une démarche inédite forte en ce Mois des Fiertés.
Un travail de défricheurs
En réalisant ce film, les journalistes Arnaud Bonnin et Lyes Houhou avaient un objectif précis en tête : libérer la parole afin que l'homosexualité ne soit enfin plus un tabou dans le domaine sportif. Pour leur documentaire, ils sont partis en quête d'athlètes qui souhaiteraient se livrer, sans barrières, devant la caméra.
"On voulait faire un beau documentaire et pas quelque chose de voyeuriste ou putassier."
"Comme ce n'est pas écrit sur leur front, on s'est d'abord basé sur les rumeurs qu'on avait pu entendre à leur sujet, explique Arnaud Bonnin à TÊTU. On les a ensuite contactés par messages mais on a quand même tenu à leur expliquer le projet en face-à-face. On tenait vraiment à les mettre en confiance, afin de leur montrer qu'on voulait faire un beau documentaire et pas quelque chose de voyeuriste ou putassier".
Convaincre ces six personnalités sportives d'apparaître dans Faut qu'on parle s'avéra plus facile que prévu. Les concerné·e·s ont vite donné leur approbation. "Ce sont des grands champions, rappelle Lyes Houhou. Ils se sont donc demandés s'ils avaient quelque chose à gagner ou davantage à perdre. Et en fait, ils se sont rendu compte qu'ils avaient un message fort à porter et que cela dépassait les éventuelles critiques qu'ils pourraient recevoir. Au bout du compte, cette démarche leur a paru plus importante que leur personne".
Des sports divers mais le foot coince toujours
L'atout du documentaire, dont Eddy de Pretto signe le générique avec sa chanson "Normal", c'est aussi de souligner que les personnes LGBTQI+ sont présentes dans toutes les disciplines. Les athlètes qui témoignent dans Faut qu'on parle sont en effet issus de secteurs bien distincts. Pour autant, il n'y a encore personne du milieu du football, pourtant le sport le plus populaire en France. Si Ouissem Belgacem a fait récemment un coming out très remarqué qui lui vaut cet été la couverture de TÊTU, il l'a fait après la fin de sa carrière, comme la plupart des athlètes encore aujourd'hui.
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"C'est le dernier bastion où c'est encore très tabou, reconnaît Arnaud Bonnin. Il n'y a même pas de frémissement, rien. Alors oui, il y a des actions menées, des messages d'acceptation portés par certains sportifs. Mais je n'ai pas l'impression qu'il puisse y avoir un footballeur qui sorte du silence dans les prochains mois". "Peut-être pour un nouveau Faut qu'on parle !", lance son co-réalisateur, qui espère bien que le film aidera d'autres athlètes à sauter le pas. Pourquoi pas aussi dans TÊTU : nos pages sont ouvertes !