Coeur en fête, brisé, bridé, celui de Silly Boy Blue a connu bien des tourments. Son clip "Teenager", sorti ce mercredi, la ramène à l'époque où il a le plus été tiraillé entre les doutes, la peur et, bien sûr, l'amour.
Qui n'a jamais connu la frustration en repensant à cette période de questionnement durant laquelle assumer ses désirs semblait insurmontable ? Ana Benabdelkarim, alias Silly Boy Blue, nouvelle sensation déjà incontournable de la scène pop française, affronte ce sentiment dans "Teenager".
Retour conquérant dans son adolescence
Tirée de l'album Breakup Songs qui, comme son nom l'indique, traite des grands crashs amoureux de sa vie, la chanson se révèle positive et encourageante pour la jeune génération. Dans son clip dévoilé ce mercredi 23 juin, la chanteuse se replonge dans la peau de l'adolescente qu'elle était. Une jeune fille timide au coeur d'artichaut, coeur perméable qui s'enflamme pour un rien, au détour d'un couloir, et se laisse traverser par le moindre sourire.
Silly Boy Blue dévoile son essence et va jusqu'au bout dans la transmission de ses souvenirs, puisque le clip a été tourné dans son ancien collège/lycée. Elle y revient conquérante, en combinaison à imprimés, cuir, Dr.Martens et chaînes autour du cou. On aperçoit même des photos de son ex accrochées dans son casier, ainsi que sa maman qui fait une apparition. Premiers émois, déceptions amoureuses et amicales, confusion des sentiments... Dans le film, la jeune femme en construction se retrouve comme paralysée par la peur du rejet et la difficulté de se mettre à nue. Exprimer ce qu'elle ressent, en laissant de côté sa fierté, la rendrait-elle trop vulnérable ? Une recherche de soi qui parlera à tous les teenagers, présents ou passés…
Et si elle n'était pas "seulement hétéro" ?
Un peu à part, marginale, incomprise, l'artiste s'exprime comme elle l'a toujours fait, en musique. Comme elle l'a expliqué à Têtu : "Tous les trucs les plus deep de ma vie, je les ai dits dans mes chansons et ma sexualité en fait aussi partie. C’est ma manière de formuler tout ce que je n’arrive pas à communiquer frontalement". En pleine introspection, face à son miroir, elle essaye de se rassurer sur son avenir : "Ça ira mieux un jour"… Perdue quelque part entre l'enfance et l'âge adulte, elle fait face tant bien que mal aux sentiments, aux désirs et aux doutes qui l'assiègent. Et si elle n'était pas "seulement hétéro" ? Le coeur violet qui se balance sous son collier de chaînes représenterait-il ses sentiments, encore emprisonnés, pour cette "amie" qui lui manque tant ?
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Pourtant, Silly Boy Blue ne compte plus rester dans l'ombre. Elle refuse de "disparaître dans la foule", invisible aux yeux des autres et de cette fameuse "elle" qu'elle regrette d'avoir déçue. Revenir sur les lieux de son passé apparaît comme une catharsis pour la femme qui assume aujourd'hui sa bisexualité. Combien de fois avait-elle rêvé, elle aussi, d'arracher les affiches des murs de son lycée ? De danser sur les tables de la salle de SVT ? Seule pendant toute la chanson, son corps exprime toute sa frustration emmagasinée de l'époque adolescente. Si bien que quand sonne la cloche, et qu'une masse d'ados rejoint les classes avec plus ou moins d'entrain, on ne voit qu'elle, que nous, à l'époque.
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Crédit photo : sillyboybluemusic via Instagram