Aux antipodes des teenagers hypersexuels de la série Élite, Netflix propose une toute nouvelle fiction calibrée pour un public adolescent. Sincère aussi bien dans sa photographie que son scénario, Young Royals est une réussite à ne pas manquer.
Dans Élite, les lycéens font des drogues leur passe-temps, collectionnent les coucheries muy caliente et se prennent des cuites en pleine semaine de cours. Autant dire qu'en termes de crédibilité, on repassera. Puis, de l'autre côté du spectre, Young Royals. Débarquée sans trop de promo sur Netflix, cette production originale scandinave est la toute nouvelle série pour ados de la plateforme. Et malgré son pitch un brin sensationnaliste, Young Royals s'impose déjà comme le teen drama le plus sensible de tout son catalogue.
Créée par Lisa Ambjörn, cette série suédoise retrace le quotidien du jeune Wilhelm qui s'avère être le prince de Suède. Après qu'une altercation avec un inconnu à la sortie d'une boîte a fait le tour des réseaux, il est envoyé contre son gré à Hillerska, un internat huppé et réservé aux élites bourgeoises de la nation. L'adaptation s'y fait difficile… jusqu'à sa rencontre avec Simon, un de ses camarades de classe issu d'un milieu moins favorisé. Des sentiments commencent à naître entre les deux. Alors qu'une tragédie frappe Wilhelm, celui-ci se verra vite confronté à un choix cornélien, tiraillé entre l'amour et le pouvoir.
Un couple gay au cœur de l'histoire
Sur le papier, Young Royals mise sur un univers à la Gossip Girl, se focalisant sur des adolescents friqués qui évoluent dans un microcosme privilégié. Cela dit, dans l'exécution, on en est bien loin. La fiction nordique de Netflix court-circuite les attentes qu'on pourrait nourrir à son égard en adoptant un parti pris naturaliste, autant dans sa réalisation que dans ses personnages. Pas de Blair Waldorf ici : les différents lycéens de Young Royals évoquent davantage ceux de Skam – la version norvégienne originelle surtout. Ils sont maladroits, manquent de confiance en eux, ont des boutons d'acné et, petit détail qui fait mouche, ont l'air de véritables adolescents. En termes de réalisme donc, la série place la barre plutôt très haut.
Mais là où la série vise particulièrement juste, c'est à travers l'histoire d'amour naissante entre ses deux protagonistes, Wilhelm et Simon. Les regards fuyants, les petits bégaiements… les héros de Young Royals cumulent les maladresses attendrissantes des débuts. Débordant de sincérité, leur rapprochement progressif n'est pas sans rappeler Love, Victor. Par ailleurs, les deux séries ont pour similitude de placer une idylle entre deux garçons comme point d'ancrage du récit. Ici, le personnage homosexuel n'est pas le "meilleur ami gay" : il trône au centre de l'intrigue et hérite d'un soin habituellement réservé aux hétéros.
Un anti-Élite en puissance
À bien des égards, Young Royals se présente comme un anti-Élite. Bien que produites par la même plateforme de SVoD avec une cible identique en tête, les deux fictions divergent radicalement dans leur démarche. Le hit espagnol repose la majeure partie de son intrigue sur du sexe – souvent au profit d'un scénario bien ficelé, mais c'est une autre histoire. Là où, au contraire, la nouvelle série suédoise de Netflix s'attarde davantage sur les sentiments, sur les doutes, sur l'humain. L'une paraît plus mainstream, là où l'autre semble plus indé. En clair, Young Royals insuffle à son duo central ce qui manque à Élite : une âme.
La seule chose que l'on pourrait déplorer en fin de compte, c'est que la tension narrative de cette première saison repose trop sur l'homosexualité réprimée de Wilhelm. En 2021, il serait agréable de voir deux garçons gays se tourner autour dans une fiction sans que ce soit quelque chose qui doive être tu ou gardé secret. Young Royals ne sera peut-être pas la série du renouveau. Mais, pour l'heure, elle coche toutes les cases requises pour être un divertissement beau, sensible et avec beaucoup de cœur. Elle n'a sans doute pas les apollons sexy d'Élite comme argument de vente, mais son humanité devrait suffire.
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Crédit photo : Netflix