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livreRomans cultes, poésie ou littérature érotique... Nos dix livres de l’été

Par Guillaume Perilhou le 19/07/2021
roman homosexualite

Sur la plage ou ailleurs, voici dix conseils de lectures estivales. Rééditions de romans cultes, érotisme, poésie, histoire et souvenir… De quoi mettre à profit la meilleure période de l’année pour se plonger dans un livre.

  • Patrick Autréaux, Pussyboy, Verdier

Le narrateur attend son amant, Zakaria. Zakaria est Algérien, arrivé en France à l’âge de seize ans et vient quand ça lui chante — « l’amant arabe donc – un cliché jamais bien loin de l’insulte » — chez cet homme où le sexe est leur rapport. La religion n’est pas loin, ni de là ni du bled. Patrick Autréaux, écrivain et psychiatre, examine les tiraillements et convoque Verlaine ou Cavafis dans un beau et court texte, érudit et érotique. Ni vulgaire ni ridicule.

  • Mika Biermann, Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot, Anacharsis

L’écrivain allemand imagine un épisode de la vie de la peintresse impressionniste. Un weekend à la campagne, aux côtés de son mari Eugène Manet, frère d’Édouard, durant lequel le couple se prend à faire l’amour avec une domestique, une certaine Nine. L’expérience est inédite pour Berthe qui ne connait pas les femmes. Un livre charnel où l’odeur des corps se mêle à celle de la nature, servi par une magnifique écriture.

  • L. Bigòrra, 28 jours, Terrasses éditions

« À l’origine il y a la peste, la terreur et la science. » La peste ou plutôt l’ombre toujours inquiétante du VIH que craint l’auteur après une nuit à risque : il se rend à l’hôpital pour un traitement post-exposition. 28 jours est le journal du mois qui suit, une auto-fiction qui emprunte à Guibert et Dustan, maîtres de « l’auto-bio-patho-graphie ». On pense aussi au récent journal d’Arthur Dreyfus, ou à Los Putos de Ioshua, le poète argentin publié aux mêmes Terrasses éditions. L’auteur inconnu signe un texte fort et sexuel sous pseudo, volonté politique de mettre les mots seuls en lumière.

  • Arnaud Cathrine, Les nouvelles vagues, Robert Laffont

Suite de Romance, paru l’année dernière. Vince tente d’oublier Octave, son amour de lycée, parti en médecine à Montpellier. Il se lie avec Micha, un jeune homme trans, employé de sa mère à la librairie Les Nouvelles vagues. Arnaud Cathrine dépeint avec talent les amours adolescentes à travers l’usage (notamment) de mails, SMS, DM Insta… Publié dans la collection « R » destiné aux jeunes adultes, mais à lire à tout âge.

  • Mason Funk, C’est ça notre liberté, 50 ans de luttes LGBTQ+ de Paris à New York, Harper Collins

Beau livre sur la naissance d’un mouvement, aux États-Unis et en France. Celui de la lutte pour nos droits, notre existence, notre mémoire. Une galerie de portraits (écrits et illustrés de photos) de ceux qui ont compté, parfois oubliés, célébrés pour nous avoir permis, de nos deux côtés de l’Atlantique, de vivre libres.

  • Hugo Lindenberg, Un jour ce sera vide, Christian Bourgois éditeur

Carton plein pour ce premier roman qui a reçu l’éloge de la presse et du public — et reçu le prix du Livre Inter. Le romancier, ancien cofondateur de l’Association des journalistes LGBT+ (AJL), raconte l’été d’un enfant sur une plage de Normandie, la rencontre avec un autre, Baptiste, l’amitié forte qui se créé. Un roman mélancolique et sensible, prometteur aussi, empreint des lumières de fin août.

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  • Jean Mattern, Suite en do mineur, Sabine Wespieser éditeur

Dans ce sixième roman chez Sabine Wespieser, Jean Mattern écrit le souvenir. Robert Stobetzky se souvient de Madeleine, son premier et unique amour, qu'il croit apercevoir un jour de vacances au détour d’une rue de Jérusalem. Vingt-six ans après leur rupture, Robert est un célibataire endurci, libraire à Bar-sur-Aube. Sa solitude est bercée par les livres et le violoncelle. Son prof, homo, est devenu son meilleur ami. Avec Émile, son neveu gay lui aussi, il tisse peu à peu un lien précieux. Mattern signe un roman délicat sur la mémoire, la filiation et l’amour qui ne meurt jamais vraiment.

  • Frédéric Martel, « La vraie vie est absente » et autres fragments rimbaldiens, Points

Le producteur de France Culture (auteur du Rose et le noir ou de Sodoma, une enquête sur l’homosexualité au Vatican) a rassemblé dans ce livre de poche des citations d’Arthur Rimbaud, poète des poètes. Des fragments essentiels de son oeuvre pour mieux la comprendre. De l’autre côté de l’ouvrage, un « dictionnaire homo-érotique » : Martel s’attache à dénicher tout ce que Rimbaud a crypté, distillé dans ses écrits de codes textuels et homosexuels.

  • Andrew Sean Greer, Les tribulations d’Arthur Mineur, Babel

Édition poche de ce prix Pulitzer paru en France aux éditions Jacqueline Chambon. Andrew Sean Greer narre l’histoire d’un écrivain raté qui depuis les éloges de son premier roman n’a plus rencontré le succès. A presque cinquante ans, il cherche à tout prix à éviter le mariage de son ex-compagnon et s’embarque dans un grand voyage, acceptant un tas d’invitations. L’éditeur a raison qui parle d’un « Bridget Jones au masculin ». À lire l’été !

  • Ann Scott, Superstars, J’ai lu

Réédition du roman culte paru en 2000. Louise, bassiste devenue DJ techno est passée de l’hétérosexualité à la bisexualité au même moment. Mais Louise hésite, incertaine, prise de nostalgie pour son passé. Le roman d’une génération, de la coke et des désillusions. Punk et « despentesque ».

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