sondageConsentement, sextoys, VIH : une étude fait le point sur la sexualité des jeunes

Par Benjamin Soyer le 21/07/2021
Jeunes

Une étude a tenté de mesurer l'impact de la crise sanitaire sur la sexualité des jeunes. Et en profite pour dresser un portrait robot étonnant et parfois inquiétant - notamment sur la prévention du VIH - des pratiques des 15-25 ans.

"Comment les jeunes ont-il vécu cette période de pandémie ? Quelle a été son incidence dans leur quotidien ?" C'est pour tenter de répondre à ces questions que la mutuelle dédiée aux jeunes HEYME a organisé ce sondage, à l'aube d'un été qui s'annonçait déjà déconfiné. Intitulée "Le Q en 2021", l'étude s'est basée sur les réponses de 2042 sondés (51,4% d'hommes, 47,6% de femmes et 0,9% de non-binaires) principalement âgés de 15 à 25 ans, afin de comprendre les relations affectives et sexuelles de la jeunesse dans ce contexte de crise sanitaire.

Le début de la vie sexuelle marqué par une pression sociale

Parmi l'échantillon étudié, 80,7% se déclarent hétérosexuels, 9,6% bisexuels, 3,1% pansexuels, 2,2% gays, 1,3% lesbiennes et 2,1% ne se définissent pas. 9 personnes sur 10 affirment avoir déjà eu un rapport sexuel, plaçant la moyenne d'âge lors de la "première fois" aux environs de 16,5 ans - un chiffre qui a légèrement baissé au cours des dernières années, Santé Publique France ayant constaté un âge médian en 2016, correspondant à 17,6 ans pour les femmes et 17 ans pour les hommes.

Mais, si leur premier/première partenaire a sans surprise été leur copain/copine de l'époque pour 71,3% d'entre eux, 33,6% des personnes interrogées estiment avoir ressenti une pression sociale en lien avec leur premier rapport sexuel. Une première fois qui reste donc majoritairement associée au couple, et dont la prématurité peut être imputable aux injonctions de la société.

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Une évolution des pratiques sexuelles

Par ailleurs, la définition du rapport sexuel tend à évoluer vers des sphères moins hétérocentrées : 72,4% des sondés pensent ainsi qu'un rapport n'inclue pas forcément de pénétration, soulignant le fait que les préliminaires sont de plus en plus considérés comme un acte sexuel à part entière.

Le sondage permet également de mettre en lumière les diverses pratiques sexuelles auxquelles se livrent de plus en plus les jeunes. On constate ainsi que 13,7% des sondés se sont déjà prêtés au sexe à trois (et 5,3% concernant le sexe à plus de trois), et que plus de 20% regardent des contenus pornographiques tous les jours (35% chaque semaine, 19% jamais). 4 personnes sur 10 ont également déclaré avoir le sentiment que la consommation de porno avait une incidence sur leurs pratiques sexuelles.

Plus étonnant : 46% (sur un échantillon de 781 répondants) auraient acheté au moins un sex-toy durant les périodes de confinement, et 3/4 d'entre eux et elles confient que l'utilisation de cet accessoire a contribué à leur épanouissement sexuel. Enfin, près d'une personne sur 10 se serait également déjà adonnée au chemsex (contraction des mots chemical - produits chimiques - et sex), pratique combinant relation sexuelle et prise de produits psychotropes.

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Des progrès sur la notion de consentement

L'étude menée par HEYME révèle également une évolution de la conception du consentement. Pour se rendre compte de la vision précise des jeunes sondés, plusieurs affirmations leur ont été énoncées, pour lesquelles ils devaient exprimer leur accord ou désaccord. Ainsi, plus de 80% d'entre eux pensent que le fait de ne pas respecter le consentement est passible d'une peine de prison, et 74,3% jugent correcte la phrase suivante : "Obtenir le consentement, c'est lorsqu'il n'y a pas d'ambiguïté dans le comportement de la personne (état de conscience et d'éveil, avenant.e ou répondant positivement)".

Par ailleurs, cette évolution semble se traduire concrètement : 56,5% des jeunes interrogés déclarent prêter une grande attention au consentement de leur partenaire, avant et pendant un rapport sexuel. Mais, fait plus alarmant : 30,7% des sondés considèrent que leur consentement a déjà été bafoué/non respecté au cours de leur vie sexuelle (dont 8,5% lors de leur premier rapport).

Le préservatif en net recul

Un progrès qui tranche avec une nette régression en ce qui concerne la protection : près de 22% des jeunes interrogés ont ainsi confié ne pas utiliser systématiquement de préservatif lorsqu'ils rencontrent un nouveau partenaire, alors qu'il s'agit du seul moyen de contraception protégeant des IST. Les raisons invoquées ? "Je n'en ai pas toujours sur moi" (à 49,1%) ou "J'utilise un autre moyen de contraception" (43,1%). Une affirmation qui permet de se rendre compte de la confusion souvent faite entre protection et contraception auprès des jeunes. De la même manière, seulement 11% indiquent utiliser fréquemment un préservatif/une digue dentaire lors du sexe oral ; et 26,1% confient s'être moins fait dépister durant les périodes de confinement.

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Sans surprise, le contexte sanitaire a donc eu quelques impacts sur la vie affective et sexuelle des jeunes cette année. Le télétravail a également bousculé les façons de rencontrer ses partenaires, avec un pic d'utilisation des applications, comme Grindr, Tinder, ou Fruitz, aux dépens des rencontres au travail. 39,5% des sondés ont aussi déclaré que le nombre de leur rapports sexuels avait diminué, sous l'influence des confinements.