Le jeune homo de 20 ans qui s'était dit victime dimanche d'une atroce agression à Madrid est revenu sur sa version, provoquant l'incompréhension et la colère des associations LGBTQI+, alors que les violences homophobes sont en réelle augmentation dans le pays.
[MISE À JOUR, 9 septembre]
Deux mois à peine après le terrible meurtre de Samuel Luiz qui a bouleversé l'Europe, c'est dans le centre-ville de la capitale espagnole, Madrid, qu'une nouvelle violente agression homophobe avait été rapportée ce dimanche 5 septembre, selon un modus operandi particulièrement sordide. Un jeune gay de 20 ans affirmait que huit personnes masquées l'avaient agressé dans le hall de son immeuble, allant jusqu'à lui inscrire "pédé" au couteau sur les fesses. Il s’est finalement rétracté et a expliqué que les faits étaient consentis, ont annoncé les autorités.
"Le jeune qui a porté plainte dimanche affirmant avoir été victime d’une agression dans le quartier de Malasaña à Madrid a décidé de rectifier sa déclaration initiale et a déclaré que les blessures supposément infligées avaient été consenties", ont expliqué à l’AFP, relayée par Euronews, des sources au ministère de l’Intérieur. La supposée agression avait logiquement provoqué un tollé au sein de la classe politique, et la colère des associations LGBTQI+. Le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, s’était même empressé de convoquer une commission gouvernementale sur les crimes de haine, exprimant sa "plus ferme condamnation" de l’attaque.
"L’arbre qui cache la forêt"
Ce changement de version a déclenché une cascade de réactions sur Twitter. "À lui tout seul, cet imbécile vient de d’apporter de l’eau au moulin de tous les discours ultras et de tous les agresseurs", a tweeté le réalisateur de films et militant Javier Giner, clamant son "impuissance" et sa "rage". "Les crimes de haine contre les LGTBI ont augmenté de 43% au premier semestre 2021", a rappelé la ministre de l’Égalité, Irene Montero, appelant à ne pas se concentrer sur "l’arbre qui cache la forêt".
Les faits se sont en effet produits deux mois à peine après le meurtre lors d’un passage à tabac d’un jeune homme homosexuel dans le nord du pays, une attaque soupçonnée d’être homophobe et qui avait scandalisé et donné lieu à des nombreuses manifestations dans le pays. Selon le quotidien El Païs, cité par Mediapart, les associations de terrain ont mesuré une hausse de 65% des délits haineux dans certaines régions au premier semestre 2021. La semaine dernière, l'Observatoire contre l'homophobie en Espagne confirmait également une hausse impressionnante de 30% des violences homophobes en Catalogne depuis le début de l'année. Dans un récent sondage, publié par YouGov, l'Espagne se classe pourtant en tête des pays européens concernant l'acceptation des personnes LGBTQI+.
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Crédit photo : Wikimedia Commons/Ted Eytan