Très amis dans la vie, Colin Firth et Stanley Tucci partagent l'affiche du bouleversant Supernova, signé Harry Macqueen. Un road movie tout en simplicité où ils incarnent un couple gay sur le chemin des adieux. À découvrir en salles dès maintenant.
La démence est de ces sujets-clés qui, au cinéma, servent de solide ancrage dramatique. Après tout, il y a quelque chose d'intrinsèquement émouvant chez ce trouble neurocognitif : l'idée, tragique, que toute sa vie, tous ses souvenirs peuvent s'envoler, au grand désarroi de l'entourage proche, contraint d'assister à ce déclin progressif. Plusieurs œuvres acclamées du cinéma se sont emparées de cette thématique, à l'instar de Still Alice avec Julianne Moore ou encore cette année The Father, pour lequel Anthony Hopkins est reparti avec l'Oscar du Meilleur acteur. Supernova, actuellement en salles, s'ajoute à cette liste.
Unis face à la maladie
Réalisé par Harry Macqueen dont c'est le deuxième long-métrage, Supernova s'attarde sur Tusker et Sam, respectivement incarnés par Stanley Tucci et Colin Firth. Ensemble depuis une vingtaine d'années, ils décident de s'offrir un road trip un peu particulier : Tusker est atteint de démence précoce et il souhaite se rendre à Lake District, un lieu symbolique pour eux, avant qu'il ne perde ses capacités cognitives. Ils prennent donc la route à travers l'Angleterre, s'arrêtant en chemin pour renouer avec des proches. Un périple qui risque de révéler des non-dits et chambouler leurs derniers instants ensemble...
L'idée soutenant qu'il faille caster des interprètes gays pour camper des rôles gays mérite d'être entendue. Pour autant, le jeu déployé par le tandem Firth/Tucci dans Supernova peut faire office de superbe contre-argument. La mélancolie et la sincérité palpable de l'un épouse avec justesse la malice et la vulnérabilité contrariée de l'autre. Réputés proches dans la vie de tous les jours, les deux comédiens font montre d'une complicité nécessaire, conférant au récit un dosage minutieux de crédibilité et d'humanité.
Une histoire touchante mais pas larmoyante
Au vu de son synopsis quelque peu désolant, Supernova ne s'impose pas comme un road movie très mouvementé. Le film mise plutôt sur un tempo assez lent, accordant une place généreuse aux silences – utiles pour apprécier les jolis paysages naturels qui ponctuent l'histoire. Loin de faire dans le mélodrame exacerbé, l'œuvre du cinéaste (prometteur) Harry Macqueen préfère la simplicité, que ce soit dans ses visuels ou ses répliques. À tel point qu'au bout du compte, l'homosexualité du couple central n'est qu'anecdotique : l'intrigue tourne autour de deux personnes amoureuses et dévouées, placées devant un défi qu'elles n'auraient jamais pensé devoir surmonter.
Maintes fois repoussé à cause de la crise sanitaire, Supernova s'est enfin offert une date de sortie en France, ce mercredi 8 septembre. Sa promotion étant moindre et la concurrence étant conséquente, le film risque de ne pas faire long feu en salles. Mais il serait dommage de passer à côté de ce drame humble, porté par un scénario à taille humaine et un duo de comédiens plus que convaincants.
LIRE AUSSI >> « La Fracture » : Marina Foïs et Valeria Bruni-Tedeschi se déchirent dans la bande-annonce
LIRE AUSSI >> Sami Outalbali : « J’adore jouer avec la masculinité »
Crédit photo : ARP Sélection