Une enquête menée par VICE World News confirme ce que les associations et médias LGBTQI+ avaient déjà senti : les signalements d'agressions haineuses homophobes et transphobes ont explosé ces dernières années.
Ces derniers mois, les récits se sont multipliés d'agressions LGBTphobes dans toute l'Europe, notablement au Royaume-Uni. Deux hommes agressés en sortant d'un bar gay à Birmingham mi-août, deux autres en plein centre-ville d'Edimbourg fin juillet, un étudiant gay à Liverpool quelques semaines plus tôt… Une hausse sensible des violences anti-LGBTQI+ que vient accréditer, et chiffrer une enquête de VICE World News. Les données obtenues par le média donnent le tournis : les signalements d'agressions à caractère homophobe ont triplé outre-Manche au cours des six dernières années, et ceux d'agressions transphobes ont quadruplé.
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Homophobie +210%, transphobie +332%
Ces données ont été recueillies auprès de 43 forces de police britanniques sur 45 (celles du Hampshire et de West Mercia n'ont pas répondu aux demandes d'accès aux informations). Résultat, on constate en tout 6.363 signalements d'agressions homophobes en 2014-2015, contre 19.679 en 2020-2021. Soit une hausse de 210%. Dans le même temps, les signalements d'agressions transphobes sont passés de 598 à 2.588, soit +332%.
Pourtant, outre les premiers mariages homosexuels, l'année 2014-2015 a aussi été dans le pays celle des premières campagnes de Stonewall, la plus grande organisation caritative LGBTQI+ d'Europe, en faveur de l'égalité des personnes trans. Si certaines forces de police lisent dans ces augmentations un signe que les personnes queers se sentent plus libres et s'assument au grand jour, les organisations LGBTQI+ contactées par VICE estiment que cette lecture est simpliste et, surtout, que ces chiffres ne sont "que la pointe de l'iceberg".
"J'ai été agressée à table. Un gars est littéralement venu et m'a frappée au visage"
Anna Montgomery fait partie des victimes d'attaques transphobes. En septembre 2020, avec son petit ami, elle sort dîner à Belfast, capitale de l'Irlande du Nord. "Mais pendant que nous buvions quelques verres, j'ai été agressée à table. Un gars est littéralement venu et m'a frappée au visage", raconte la jeune femme de 21 ans. Une agression gratuite et d'une violence déconcertante dans un lieu public, qui plus est alors que la victime est accompagnée. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. "Je l'ai signalé à la police, mais ils n'ont vraiment rien fait. Ils m'ont demandé de venir faire une déposition, mais ils m'ont appelée une semaine plus tard et m'ont dit qu'il n'y avait pas assez de preuves", poursuit-elle, toujours profondément marquée par ce qu'elle a vécu.
Augmentation des violences pendant le confinement
Un phénomène qui n'a pas été arrêté par les confinements qui ont ponctué l'année 2020-2021, au contraire. Le Royaume-uni a alors enregistré 12% de signalements d'actes homophobes en plus, ainsi qu'une hausse de 2% de signalements d'actes transphobes. Ce qui n'étonne guère Leni Morris, directrice générale de Galop, l'organisation caritative britannique qui lutte contre les maltraitances des personnes LGBTQI+. "Dès le début de la pandémie, nous avons vu l'impact que le confinement avait sur l'escalade de la violence et des abus contre notre communauté", confirme-t-elle.
"Nous avons vu des personnes LGBTQI+ ciblées en conséquence directe de la pandémie - soit parce que la pandémie était considérée comme une punition pour notre existence, soit à cause de l'association de notre communauté avec la pandémie du VIH/sida, et l'idée que les personnes LGBTQI+ étaient en quelque sorte aux racines de cette pandémie." Elle rappelle également que selon les chiffres du gouvernement britannique, 90% des agressions haineuses contre les personnes LGBTQI+ ne sont pas signalées. La masse de l'iceberg…
Crédit photo : Ethan Wilkinson via Unsplash