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cinémaLe premier super-héros gay de Marvel est là : verdict ?

Par Florian Ques le 04/11/2021
"Les Éternels" : le premier super-héros gay de Marvel est enfin là

Avec Les Éternels, la maison Disney révèle enfin en 2021 un blockbuster de l'univers Marvel avec une représentation gay digne de ce nom. "Mon job était de m'assurer que ces personnages n'étaient pas uniquement là pour cocher une case", nous confie sa réalisatrice, Chloé Zhao.

Dire que Les Éternels était attendu au tournant relève de l'euphémisme. Pour cause, le film – au cinéma depuis ce mercredi 3 novembre en France – avait une mission colossale : présenter aux aficionados du MCU (Marvel Cinematic Universe) un groupe inédit de super-héros, en grande partie décorrélé des personnages phares déjà présentés sur grand écran. Mais pour le public LGBTQ+, la hype grimpait pour une tout autre raison : le long-métrage était annoncé comme le premier à inclure un super-héros gay. Alors, victoire ou déception ?

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Plusieurs premières fois dans Les Éternels

Une recontextualisation s'impose. Avant Les Éternels (Eternals en VO) Disney – qui détient Marvel Studios – collectionnait plusieurs cas de queerbaiting à son actif. On pense à la policière qui mentionne en coup de vent sa petite amie dans le film d'animation En avant ou encore Avengers: Endgame et son tant médiatisé "premier personnage ouvertement gay"... qui s'était avéré n'être qu'un type lambda évoquant son mari dans un groupe de parole. À juste titre donc, des craintes avaient émergé tandis que certains anticipaient une nouvelle entourloupe de la maison de Mickey.

Vous pouvez souffler : Les Éternels offre une vraie représentation LGBTQI+, à travers le personnage de Phastos, un super-héros ancestral identifié par son aisance à maîtriser les technologies. En prime, le film ne fait pas les choses à moitié et cumule les premières fois historiques. On assiste ainsi non seulement à l'inclusion du premier héros gay du MCU, mais aussi au premier baiser gay, au premier couple gay et à la première famille homoparentale de la franchise.

Le premier super-héros gay de Marvel est là : verdict ?
Crédit photo : Marvel Studios

Tant d'étapes franchies, heureusement avec beaucoup de cœur et de bienveillance. "Inclure un super-héros gay avec sa famille, c'était une décision de Marvel Studios, nous précise Chloé Zhao, réalisatrice du film. Mon job était de m'assurer que ces personnages n'étaient pas uniquement là pour cocher une case mais qu'ils faisaient vraiment partie intégrante du récit." Les performances convaincantes de Brian Tyree Henry et Haaz Sleiman (qui est ouvertement gay dans la vie), sous les traits de Phastos et de son mari, méritent d'être soulignées. "Ils se sont tous les deux isolés pour discuter de la meilleure manière d'aborder leurs scènes, se rappelle la cinéaste. Quand ils sont revenus, on n'a tourné finalement que quelques prises et c'était très vite dans la poche."

Un Marvel de bonne facture ?

En comparaison avec l'équipe irréductible des Avengers qui était tout de même très blanche et hétéro, celle des Éternels se montre bien plus inclusive et comprend peut-être plus de diversité que l'intégralité du MCU jusqu'alors. Pour autant, cela ne veut pas nécessairement dire que Les Éternels est un bon film, encore moins un bon Marvel, encore faut-il le voir…

Découvert avec un regard de quasi-néophyte, Les Éternels correspond exactement aux attentes qu'on peut avoir. Le blockbuster est efficace, bien incarné, avec un rythme soutenu et un sens du grandiose parfois jouissif. Hormis quelques prises de risques assez superficielles, le film se montre toutefois prévisible, tout comme certaines lignes de dialogues. S'il y a un aspect à déplorer, c'est sans doute le trop-plein de personnages que le scénario finit par survoler, à tel point qu'ils apparaissent comme des fac-similés de super-héros déjà établis du Marvel Cinematic Universe.

Le premier super-héros gay de Marvel est là : verdict ?
Crédit photo : Marvel Studios

Récompensée lors des derniers Oscars pour son troisième film Nomadland, Chloé Zhao parvient tout de même à presque faire oublier le déroulement manichéen de l'histoire grâce à sa spécialité : une kyrielle de jolis plans, capturés en lumière naturelle, même si sa patte "cinéma indé" n'est ici pas toujours évidente.

Il n'empêche qu'en dépit de mécanismes plutôt redondants, Les Éternels s'avère un divertissement à la hauteur. Le film devrait émouvoir le public gay jusqu'ici en mal de représentation dans les grosses productions de la Maison des Idées. Se dire qu'un couple d'hommes s'embrasse et se fait une déclaration d'amour dans un projet aussi titanesque qui sera visionné par des millions de personnes à travers le monde, ça fait tout de même bien plaisir. Quant au nombre et au contenu des scènes post-générique, eh bien on ne vous en dira rien, comme il se doit !

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Crédit photo : Marvel Studios