En Seine-Saint-Denis, les personnes homosexuelles connaissent un risque de contamination 10 fois plus élevé que dans le reste de la population. Cette situation nécessite des actions fortes et résolues des pouvoirs publics.
Dans le monde, 37 millions de personnes vivent avec le VIH, dont 1,7 million d’enfants. En 2020, ce sont 1,5 million de personnes qui l’ont contracté. Une personne séropositive sur trois n’a pas accès aux traitements existant, ce qui la condamne à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Depuis le début de la pandémie, dans les années 1980, le Sida a fait dans le monde plus de 36 millions de victimes. Le plus souvent dans les pays du Sud, le plus souvent parmi les populations les plus pauvres.
Ces derniers mois ont par ailleurs été très éprouvants pour les personnes séropositives, qui sont particulièrement exposées au Covid-19. En effet, les personnes immunodéprimées constituent une part importante des malades ayant été admis dans les hôpitaux pour des formes graves du Covid depuis le début de la pandémie.
Finalement, les personnes séropositives ont été victimes d’une triple peine : être atteintes du VIH, être plus exposées au Covid et, de surcroît… ne pas être considérées comme prioritaires lors du lancement de la campagne de vaccination, l’an dernier.
Que ce soit pour les premières ou secondes doses, comme pour le rappel vaccinal qui vient de s’ouvrir à la population générale en France le week-end dernier, elles ont été contraintes à attendre, dans la crainte, que leur tour vienne, malgré les embouteillages sur les créneaux ouverts les premières semaines et les difficultés d’approvisionnement en doses de vaccin par la suite.
Les précaires en première ligne des contaminations au VIH
Durant les années noires, on estimait que près de la moitié des personnes qui mouraient du Sida étaient issues de l’immigration, vivant principalement dans des quartiers populaires.
Aujourd’hui, en Île-de-France, les plus touchées par le VIH sont les personnes homosexuelles, suivies des personnes exilées, originaires d’Afrique subsaharienne.
Si la situation a évolué depuis les années 1980, on estime que 47% des personnes touchées par le VIH vivent avec moins de 760 euros par mois.
En banlieue, une inégalité dans l’accès à la prévention
La Seine-Saint-Denis, peuplée par un million et demi d’habitant·e·s vivant aux portes de Paris, est pourtant un territoire structurellement sous-doté.
Département le plus pauvre de France, elle est au premier rang pour constater les ravages du précariat dans la population. Bien qu'elle soit le deuxième département concentrant le plus de contaminations au VIH dans notre pays, elle demeure sous-dotée en matière de dépistage, ce qui nuit considérablement aux politiques publiques de prévention qui devraient y être menées : on ne compte qu'un centre de dépistage pour 236.000 habitants, contre 180.000 à Paris ou 144.000 dans le département du Nord (Sida info service).
À l’heure où les populations précaires ont à souffrir d’un taux de contamination presque égal à celui de Paris, nous avons des moyens de prévention drastiquement inférieurs à ceux à disposition des habitant·e·s de la capitale. Cette situation est particulièrement alarmante s’agissant des personnes homosexuelles, qui connaissent un risque de contamination 10 fois plus élevé que dans le reste de la population.
Dans ce contexte qui appelle à des actions fortes et résolues des pouvoirs publics, Saint-Denis LGBTQI+, association de lutte contre les LGBTphobies à Saint-Denis et dans le département de Seine-Saint-Denis, entend se mobiliser dans le futur en portant des actions de prévention, en partenariat avec les actrices et les acteurs locaux et plaider auprès des pouvoirs publics pour plus de moyens en faveur de la prévention et pour l’accès aux traitements.
Pour l’association Saint-Denis LGBTQI+
Clément Messence, Président
Lucas Fournier, Secrétaire général
Mathias Palaric, Trésorier