disparitionRacisme, LGBTphobies, VIH... Desmond Tutu, militant de toutes les luttes

Par têtu· le 27/12/2021
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L’ancien archevêque anglican du Cap est mort ce 26 décembre à l’âge de 90 ans. Militant décisif pour la fin de l'apartheid, son engagement pour les droits humains était total.

C'est une figure de la lutte pour la dignité humaine et l'égalité des droits entre tous les êtres humains. Desmond Tutu, emblème de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, s'est éteint ce dimanche 26 décembre 2021, à l'âge de 90 ans, suscitant une émotion planétaire.

Figure de l'anti-racisme

"Un humain extraordinaire. Un penseur. Un leader. Un berger." Dans un texte émouvant, Graça Michael, de la Fondation Mandela, ne cache pas sa tristesse. Ni son admiration, d'ailleurs, pour l'ecclésiastique devenu, en 1975, le premier homme noir à occuper le poste de doyen du diocèse de Johannesburg. Une fonction qui lui donne alors toute la légitimité pour défendre les droits des populations noires dans une Afrique du Sud qui nie leurs droits les plus élémentaires. Alors que Nelson Mandela est incarcéré, il devient le porte-parole de la lutte contre le régime ségrégationniste et inégalitaire de l’apartheid, et organise des marches pacifiques contre la ségrégation. Sa robe de prêtre lui épargnera la prison, et son engagement, déterminé mais non-violent, sera récompensé par un prix Nobel de la Paix en 1984.

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La non-violence, le pardon, et l'égalité sont des valeurs que Desmond Tutu défendra toute sa vie. Même quand il prendra la tête de la Commission vérité et réconciliation en 1995, nommé par le premier président noir de l'histoire du pays, Nelson Mandela. Après trois ans d'enquête sur les violations des droits humains pendant l’apartheid et 30.000 personnes entendues, Desmond Tutu prêche le pardon et les coupables sont amnistiés.

"Je ne pourrais pas louer un Dieu homophobe"

La foi de Desmond Tutu était aussi inébranlable que ses convictions. Une fois l'apartheid terminé, il est resté fidèle à ses engagements et s'est élevé contre la corruption du Congrès national africain et sa gestion de la crise du sida.

En 2013, alors qu'il lance la première campagne de l'ONU pour le respect des droits des personnes LGBTQI+, Desmond Tutu signe un discours remarquable et remarqué : "On ne choisit ni sa race, ni son genre, si sa sexualité. Bon sang, les personnes homosexuelles ne sont pas une espèce à part, ce sont des êtres humains. Nous serons moins humains si nous nions leur humanité." Il en profite ensuite pour affirmer : "Je refuserais d’aller dans un paradis homophobe. Non, je dirais, désolé merci, je préfèrerais cent fois aller ailleurs. Je ne pourrais pas louer un Dieu homophobe." Une phrase largement partagée sur les réseaux sociaux après l'annonce de son décès.

Des prises de position pour lesquelles de nombreuses associations de lutte contre les LGBTphobies lui rendent hommage, comme Stop Homophobie. SOS homophobie a aussi tenu à rendre "hommage à Desmond Tutu, fervent défenseur de l'égalité des droits des êtres humains, quelle que soit la couleur de leur peau, leur orientation sexuelle ou leur identité de genre."

https://twitter.com/stop_homophobie/status/1475173989265948679?s=20

Nation "Arc-en-Ciel"

Son engagement n'était sans doute pas étranger à l'orientation amoureuse de sa fille, Mpho Tutu-van Furth. Cette dernière, lesbienne, avait été contrainte de quitter la prêtrise pour pouvoir épouser sa compagne en 2016, l’Église anglicane sud-africaine ne reconnaissant pas le mariage des couples de même sexe.

Dimanche soir, la fondation de Mgr Desmond Tutu a annoncé que ses funérailles se tiendraient le samedi 1er janvier. Parmi les dispositions annoncées, la fondation indique que "les cloches de la cathédrale Saint-Georges seront sonnées chaque jour pendant dix minutes, à partir de midi", toute la semaine de lundi à vendredi, jour où le le corps du défunt "reposera en chapelle ardente dans la cathédrale". Un hommage national, pour celui qui appelait son pays "la nation arc-en-ciel".

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