féminisme#NousToutes rejette le décompte des féminicides qui ne recense pas les femmes trans

Par Nicolas Scheffer le 06/01/2022
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En ne faisant état que des violences conjugales, le décompte assuré par le collectif "Féminicides par conjoint ou ex" ne représente pas assez l'ensemble des féminicides, juge #NousToutes sur fond d'accusations de transphobie.

C'est peu dire que l'annonce a fait beaucoup de bruit dans les cercles militants. Ce mercredi 5 janvier, le collectif féministe #NousToutes a annoncé "suspendre le relai du décompte des féminicides conjugaux". Celui-ci est assuré par un autre collectif, Féminicides par conjoint ou ex, que le premier accuse de transphobie.

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Au départ de cette décision, une discussion sur le recensement, au sein du décompte, des meurtres de femmes transgenres, réclamé par plusieurs associations. Au cours d'un échange sur le sujet le 3 janvier sur Twitter, le collectif Féminicides écrit : "Vu le harcèlement et le dénigrement que nous subissons, certaines [femmes trans, ndlr] ont, semble-t-il, bien conservé les aspects toxiques de leur masculinité antérieure" (suspendu par la plateforme, le tweet est reproduit ici). "Des propos transphobes, réagit #NousToutes, oppressifs et par ailleurs illégaux."

Aucun recensement de femme trans

Depuis 2018 qu'existe son décompte, Féminicides par conjoint ou ex n'y a recensé aucun meurtre de femme trans dans le cadre conjugal. "Si ça avait été le cas, nous l'aurions comptabilisée", assure une bénévole interrogée par Charlie Hebdo, précisant que le recensement du collectif se fonde sur les articles de presse. "Or, relève-t-elle, aucun article n’a évoqué de femme trans tuée dans un cadre conjugal depuis que l’on fait ce recensement".

Interrogée par TÊTU, l'association FLAG! indique que depuis mai 2020, sur sa plateforme de signalement des LGBTphobies, un seul cas avéré concerne une personne trans pour violences conjugales, sans que cette personne ait renseigné son genre. Au total, l'appli a recueilli 37 signalements pour violences conjugales concernant des couples homos cisgenres et dans 17 autres cas, l'identité de genre n'a pas renseignée.

Une autre manière de visibiliser les féminicides

De son côté, #NousToutes plaide pour décompter tous les meurtres de femmes, qu'ils aient lieu ou non dans un cadre conjugal. "La lutte contre la transphobie fait partie intégrante du féminisme car elle découle d'une société patriarcale qui établit des normes et des hiérarchies de genre", argue le collectif. "Nous ne pouvons pas organiser une conversation féministe sur les féminicides sous le seul prisme des meurtres intra-familiaux, car le coût en serait d'oublier que la probabilité d'être tuée pour une femme, dépend d'appartenir à une minorité ou non", abonde Acceptess-T. L'association rappelle que trois "transféminicides" ont été répertoriés en France en 2021 et que les femmes trans ont trois fois plus de risques d'être tuées que les femmes cis.

Prenant la défense du collectif Féminicides, l'ancienne ministre des droits des femmes Laurence Rossignol a qualifié cette prise de position de "procès de Moscou", ajoutant : "L'accusation de transphobie, lancée à tort et à travers, relève d'une offensive insupportable contre les associations féministes et leur diversité". De son côté, #NousToutes indique chercher "une autre manière de visibiliser l’ensemble des féminicides", souhaitant mettre en lumière "toutes les femmes assassinées parce qu'elles sont des femmes".

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Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @NousToutesOrg