Entre 2018 et 2019, le nombre de morts violentes au sein de couples homos est passé de 3 à 8 selon une étude du ministère de l'Intérieur. Chez les femmes hétérosexuelles, les chiffres sont alarmants.
Les violences conjugales ont majoritairement lieu dans les couples hétéros, mais les couples LGBT+ ne sont pas exempts de violences. C'est notamment ce que pointe une étude publiée par le ministère de l'Intérieur. Les meurtres au sein des couples de même sexe ont plus que doublé, passant de 3 en 2018 à 8 en 2019.
Ces chiffres, qui datent de l'année écoulée, ne prennent pas en compte la période de confinement. Ces deux mois ont pourtant conduit à une hausse des violences au sein des foyers : une semaine après le confinement, les signalements étaient en hausse d'environ 30%, selon Franceinfo.
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Les auteurs de violences conjugales sont majoritairement des hommes
Dans le détail, sur les 8 décès au sein de couples homosexuels, 7 concernent des couples d'hommes, et donc un décès au sein d'un couple de femmes. Ces chiffres sont dans la continuité de la population générale : dans l'écrasante majorité des cas, les auteurs de violences conjugales sont des hommes. Tous couples confondus, l'auteur de violences est le plus souvent marié, de nationalité française, âge de 30 à 49 ans et n'exerce pas ou plus d'activité professionnelle. Le passage à l'acte, majoritairement par arme blanche (36%), est principalement causé par la dispute (31%) et le refus de séparation (20%).
Si 27 hommes ont été tués au sein du couple l'an dernier, les femmes sont de loin les premières victimes de violences conjugales. 146 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint, soit 25 de plus que l'année précédente. Au total, un décès a lieu tous les deux jours. "Le blabla ne suffit pas. Il est nécessaire qu'il y ait des mesures fortes", s'inquiète Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes qui appelle à une "réaction urgentissime". Par ailleurs, l'étude ministérielle recense les décès de 25 enfants à cause d'un de leur parent.
Une généralisation des bracelets anti-rapprochement attendue pour septembre
"Marlène Schiappa n'a pas fait ce qu'il fallait. Les principales mesure du Grenelle ne sont pas mises en place, les moyens ne sont pas mis pour protéger suffisamment ces femmes", regrette-t-elle. L'ancienne secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes s'est défendue en rappelant qu'avant le Grenelle 8% de la population connaissait le numéro d'aide aux victimes, le 3919. C'est désormais, selon elle, 64%. "Je suis pleinement déterminée et mobilisée pour réduire leur nombre (de morts au sein des couples, ndlr). Mieux repérer et mieux protéger les victimes, mieux sanctionner les agresseurs constituent dès lors, dans le sillon du Grenelle des violences conjugales, mes priorités", a déclaré sa remplaçante, Élisabeth Moreno.
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Fin juillet, le Parlement a adopté une proposition de loi pour mieux protéger les victimes de violences conjugales. La proposition permet une exception au secret médical en cas de danger immédiat. La généralisation du bracelet anti-rapprochement des conjoints ou exemple-conjoints violents doit être mis en place le mois prochain. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est félicité d'une "mobilisation sans précédent des forces de l'ordre" et la "mise en place de nouvelles méthodes et des formations renforcées pour tous les policiers et gendarmes". L'AFP a dénombré au moins 46 féminicides depuis le début de l'année.
Crédit : Jeanne Menjoulet / Flickr