Au cinéma depuis le 26 janvier, le film Un monde, de Laura Wandel, se met à hauteur d'enfant pour montrer le phénomène du harcèlement à l'école. Un angle d'approche pertinent qui pousse le public adulte à une profonde remise en question.
C'est bouche bée, un peu sonné, que l'on sort de la projection du film Un monde. Pendant 1h15, sa réalisatrice Laura Wandel reconstitue l'ambiance d'une cour d'école primaire à travers l'histoire de Nora, une petite fille contente d'entrer dans le même établissement que son frère aîné Abel. Mais la gamine déchante dès lors qu'elle le voit se faire fréquemment malmener par ses camarades de classe. À la fois surprise et impuissante face à ces agissements, elle sait, en dépit de son jeune âge, qu'il va falloir faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. Et vite.
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Immersion efficace
La force d'Un monde réside en premier lieu dans son angle : l'action est filmée à hauteur d'enfant, participant à une immersion efficace dans le quotidien de Nora et ses copains d'école. Le long-métrage mise ainsi beaucoup sur des plans rapprochés, voire très rapprochés, permettant au public de scruter avec minutie les expressions faciales de son héroïne déboussolée. Un procédé qui crée un aspect d'étouffement constant, renforçant un sentiment d'insécurité croissant.
Le film maîtrise avec brio son atmosphère anxiogène, facilitée par le huis clos puisque le récit ne s'aventure jamais au-delà des murs de l'école. Il gère bien, aussi, le message qu'il souhaite véhiculer : à travers la détresse de Nora, enfant démunie face à une situation qui la dépasse, Un monde pointe du doigt la défaillance des adultes à prévenir efficacement le harcèlement scolaire.
Un appel à l'action
Bien que le film accorde une grande place aux silences, il arrive à dénoncer beaucoup de choses en filigrane : l'incapacité de l'encadrement pédagogique à identifier les formes de harcèlement, le manque de moyens humains suffisants pour encadrer un nombre conséquent d'enfants, l'absence de discernement des parents d'élèves... Un monde souligne aussi cette notion de violence cyclique, montrant grâce au personnage d'Abel l'effet boule de neige de la violence. Sans proposer de solutions miracles, le film réussit à soutenir une conclusion importante : la question du harcèlement scolaire ne sera résolue que par une prise de conscience globale des adultes.
Alors non, Un monde ne parle pas spécifiquement des LGBTphobies. Pour autant, le harcèlement scolaire est une réalité pour nombre de personnes LGBTQI+ durant l'enfance et l'adolescence, rendant facile l'identification à la tragédie que vit le petit Abel. Le film de Laura Wandel a l'effet d'une alarme, incitant à agir en exposant une éducation en crise. Sur le fond comme sur la forme, Un monde est un tour de force nécessaire.
Crédit photo : Tandem