Le cinéaste turco-italien Ferzan Özpetek dresse avec son nouveau film Pour toujours le portrait d'un couple gay et d'une famille choisie inattendue. Un récit fort, humain et attendrissant à découvrir en salles dès ce mercredi 9 février.
En marge du bouleversant Great Freedom tout droit venu d'Autriche, un autre film à thématique gay débarque au cinéma ce mercredi 9 février. Il s'agit de Pour toujours – ou La dea fortuna en version originale. Pour son treizième film, le réalisateur turco-italien Ferzan Özpetek (Hammam, le bain turc) propose une fresque touchante sur une famille recomposée singulière. Avec, en son cœur, un couple de daddies homos quadragénaires à deux doigts de la rupture...
Il était une fois sur la côte italienne...
Dès sa scène d'exposition, Pour toujours nous présente Arturo et Alessandro, deux hommes qui s'aiment mais dont la relation de longue date semble s'étioler au rythme de leurs disputes, de plus en plus fréquentes. Un événement vient chambouler ce train-train morose : Annamaria, la meilleure amie de l'un deux, leur confie la garde de ses enfants, Martina et Sandro, pendant qu'elle doit être hospitalisée. Une cohabitation aussi forcée qu'imprévue... mais qui, petit à petit, donne lieu à une nouvelle routine épanouissante et offre un second souffle à ce couple en crise.
Pas de doute, Pour toujours appartient au genre du drame – en témoignent les sujets délicats dont le film s'empare, comme les rancœurs dans le couple ou les violences familiales. Pour autant, son visionnage n'est jamais plombant car Ferzan Özpetek parvient à insuffler autant d'humanité que de légèreté à son récit. Si la santé compromise d'Annamaria est une bombe à retardement qui plane tout au long du film, elle ne vient jamais trop alourdir la narration tant celle-ci met en lumière des instants de vie plus grisants, notamment entre Arturo, Alessandro et les deux jeunes enfants.
Ces gays qu'on ne voit presque jamais
Le couple gay central de Pour toujours offre une représentation encore rare, aussi bien sur le grand que le petit écran. Celle de deux hommes qui se sont aimés et qui semblent avoir perdu la notice pour s'aimer avec la même force malgré les années qui passent et les blessures qui s'accumulent. Il est peu courant de tomber sur un film qui prend le temps de développer avec nuance et simplicité des personnages homosexuels quadragénaires – bien qu'Alessandro et Arturo rentrent complètement dans les standards de beauté de la communauté gay avec leur physique de daddies musclés (il faut tout de même vendre du rêve au cinéma, après tout...).
Mais s'il est bien incarné – ses deux interprètes phares, Edoardo Leo et Stefano Accorsi, sont très convaincants –, Pour toujours brille par ses dialogues, astucieusement écrits, qui parviennent à refléter les doutes qui peuvent miner beaucoup de couples, homos comme hétéros. La peur de mourir, la perte de repères dans le couple, la crainte d'avoir commis des erreurs irréparables... Tant de vérités que Ferzan Özpetek s'accapare pour proposer une histoire sensible et sincère. À voir !
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Crédit photo : Destiny Films