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GPA"Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?" : "Notre rôle avec ce film c’est d’ouvrir le débat"

Par Franck Finance-Madureira le 09/02/2022
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Sofia Essaïdi et Benjamin Siksou portent le téléfilm Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?, inspiré du livre de Marc-Olivier Fogiel sur la GPA, programmé par France 2 ce mercredi 9 février. Rencontre avec les deux comédiens.

Une fiction inédite, un débat, un documentaire… La "soirée continue" de France 2 est consacrée ce mercredi 9 février au sujet de la gestation pour autrui (GPA). Elle s’ouvrira avec le téléfilm Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? inspiré du livre de Marc-Olivier Fogiel (qui a eu avec son mari leurs deux filles, Mila et Lily, en recourant à la GPA) et qui met en scène les comédiens Sofia Essaïdi et Benjamin Siksou dans les rôles de Céline, une jeune agricultrice en mal d’enfant et en attente désespérée d’une adoption et de Julien, futur père ayant recours à la GPA avec son compagnon Darius. TÊTU a rencontré l’ancienne star-académicienne et l’ex-candidat de la Nouvelle Star pour évoquer leur incarnation parfaite de ces personnages que tout oppose et qui vont apprendre à se rapprocher malgré leurs différences. 

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Quelle était votre regard sur la GPA avant de tourner ce film et comment votre réflexion sur le sujet a-t-elle évolué ?

Sofia Essaïdi : Moi, comme beaucoup de gens je pense, j’étais un peu perdue. Je n’étais ni pour ni contre mais plutôt en questionnement et, ce qui est formidable, c’est que ce film, comme doit le faire la fiction, m’a permis de continuer cette réflexion. Cela m’a permis de comprendre ce que je n’arrivais pas à comprendre comme, par exemple, cet altruisme fou et cet amour inconditionnel que peuvent ressentir les femmes porteuses. Je pense que c’était un peu abstrait pour moi, un geste aussi bon, aussi fort, on n’en a pas l’habitude. Ce film m’a aidée à comprendre qu’un geste comme celui-là est possible, qu’il y a des femmes dans le monde qui sont capables de tant de générosité, de don de soi et d’amour ! C’est un des éléments les plus forts pour moi, même s’il y a énormément de choses très fortes dans le film. Et ça rappelle une évidence, l’amour c’est vraiment la clé de tout et une famille c’est le lieu de l’amour et pas forcément des gênes. Notre rôle avec un film comme celui-là c’est avant tout d’ouvrir le débat. 

"Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?" : "Notre rôle avec ce film c’est d’ouvrir le débat"
Sofia ESSAÏDI ,

Benjamin Siksou : Moi, le scénario m’a éclairé et le fait d’interpréter le personnage de Julien, de l’éprouver, a mis en lumière encore plus de choses. Je ne connaissais absolument pas les faits, techniquement, et ce récit permet de comprendre ces aspects-là, de comprendre la réalité de ces familles, de ces femmes qui font ce don. Mais je ne peux m’empêcher de penser au fait que cela reste très cher pour celles et ceux qui entreprennent cette démarche tout en comprenant que cet argent ne va pas dans la poche des femmes qui font ce don mais que cela paie un encadrement, les voyages… Le débat se situe au niveau éthique et social et le fait de passer par la fiction, par l’intime, cela permet d’y croire et d’être impliqué émotionnellement. La réalisatrice Hélène Angel a vraiment fait en sorte que tout passe par l’émotion et qu’on y croie toujours. En tant que comédiens, cela nous a fortement impliqué et je pense que l’effet sera le même sur les spectateurs. J’espère que le film éclairera autant qu’il m’a éclairé. 

Comment décririez-vous vos personnages dans Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?, Céline et Julien, et la façon dont ils vont finir par se rapprocher ?

Sofia Essaïdi : Le personnage de Céline, c’est une agricultrice qui souffre depuis toujours de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Elle a une vie personnelle et intime difficile par rapport à ça. Et ce que j’aime dans sa relation avec Julien, le personnage de Benjamin, c’est qu’a priori ils n’ont pas grand-chose en commun sauf une envie ultime et des blessures personnelles, ce qui va les amener à se rendre compte qu’ils ont beaucoup plus en commun qu’ils ne l’imaginent. Cela m’a beaucoup touchée en le jouant mais encore plus en découvrant le film. Cela a été formidable de tourner avec Benjamin, on a ressenti des choses très fortes sur le tournage. 

Benjamin Siksou : Julien et Céline ne sont pas forcément opposés mais ils sont très éloignés l’un de l’autre, notamment socialement. Ce qu’ils ont en commun, c’est leur impossibilité à avoir un enfant. Ils sont l’un comme l’autre pleins d’a priori et dans les deux couples, ce sont les deux qui arrondissent le moins les angles, c’est tendu, ils ne s’apprécient pas vraiment. Ils vont apprendre à se connaître et une relation naît sans qu’on puisse vraiment l’expliquer, comme dans la vie. Même si les deux personnages sont chacun en couple, ils font face à une espèce de solitude. Cette épreuve qui devient une aventure crée une forme de solitude et ne leur permet pas de tout partager avec leurs compagnons respectifs. 

Sofia Essaïdi : À un moment donné, je crois que ce sont les blessures qui se parlent entre les deux personnages, qui se rencontrent. L’un de leur points communs, c’est aussi le fait d’avoir manqué d’amour pour différentes raisons dans leur enfance, dans leur formation émotionnelle. 

Le film évite d’être didactique en faisant justement confiance à ses personnages, c’est ça qui vous a aussi donné envie de vous impliquer dans le projet ?

Benjamin Siksou : Ah oui complètement ! J’ai vu un beau rôle, bien écrit du début à la fin avec une belle évolution, de belles relations entre les personnages. C’est un vrai bonheur pour un comédien. 

Sofia Essaïdi : On parle beaucoup de la GPA dans le film mais ce n’est pas que ça. C’est vraiment avant tout un film de personnages qui parlent d’histoires et d’émotions. J’avais un peu peur au début du film militant mais une fois que j’ai lu le scénario, j’ai compris qu’on parlait de gens, de leurs blessures, de leurs envies et de leurs limites. 

Le film est une adaptation du livre de Marc-Olivier Fogiel. Est-ce que vous l’avez rencontré ? 

Benjamin Siksou : Il a laissé tout le monde très libre dans cette adaptation. Je l’ai croisé complètement par hasard et il venait de voir le film, il m’a juste dit qu’il avait beaucoup aimé.

Sofia Essaïdi : Moi je dois le rencontrer cette semaine pour en discuter avec lui mais je trouve vraiment bien qu’on ne l’ait pas rencontré avant. Cela m’a permis de faire mon chemin personnel par rapport à mon personnage. Je sais que c’est un très bon père et je connais la beauté de son histoire mais cela m’aurait peut-être un peu trop orientée dans ma recherche par rapport à mon personnage. 

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Lors de vos débuts dans les aventures musicales qu’étaient la Star Academy et la Nouvelle Star, aviez-vous déjà en tête une carrière d’actrice et d’acteur ? 

Benjamin Siksou : Moi oui parce que j’avais déjà tourné dans deux films avant la Nouvelle Star, un qui est sorti pendant et l’autre juste après (les courts métrages Derrière la ligne et Vodka Pamplemousse, ndlr). Cela faisait un moment que ça me titillait. 

Sofia Essaïdi : Moi aussi, totalement, et je l’avais dit à la Star Ac. J’avais vraiment envie de faire les deux, il se trouve que la vie m’a d’abord emmenée vers la musique mais mon rêve a toujours été de faire les deux carrières. Mon premier film, je l’ai tourné un an après, en 2004, pour bien montrer que je c’était aussi ce que je voulais faire dès le début. 

On vous revoit donc tous les deux bientôt à l’écran ? 

Benjamin Siksou : Je viens de jouer au théâtre (Songe à la douceur, ndlr) mais c’est aussi un grand jour parce que le premier single de mon nouvel album, Se revoir à nouveau, vient de sortir. 

Sofia Essaïdi : C’est un super album, je tiens à en faire la promotion ici parce que j’ai eu la chance de l’écouter pendant tout le tournage et que je le trouve génial.

Benjamin Siksou : Si elle le dit ! Et j’ai tourné deux films qui vont sortir cette année : Frère et sœur, d’Arnaud Desplechin avec Melvil Poupaud et Marion Cotillard, que j’ai tourné en novembre et qui est merveilleux, et un autre, tourné il y a presque deux ans avec Audrey Estrougo et qui s’appelle A la folie, et qui doit sortir très bientôt.

Sofia Essaïdi : J’ai pas mal de projets qui vont sortir en 2022, des choses très différentes : une grosse série, Les Combattantes, pour TF1 et Netflix, qui sera diffusée en fin d’année, je viens de terminer Overdose, le nouveau film d’Olivier Marchal qui sera diffusé sur Amazon, et il y aura aussi deux films d’auteur qui vont sortir au cinéma cette année, Tel Aviv/Beyrouth de Michale Boganim et un film italien, Nostalgia de Mario Martone. Et j’ai vraiment hâte de refaire de la musique et j’ai très envie de faire du théâtre, de retrouver la scène en jouant. Le contact direct avec le public me manque beaucoup car depuis Chicago je ne suis pas remontée sur scène. 

Pour finir, Benjamin, j’aimerais juste revenir sur la très belle interview que vous aviez accordée au podcast Coming out sur Spotify. Quelles ont été les réactions ? 

Benjamin Siksou : Extrêmement positives, vraiment, que de très bons retours, de tous horizons, des réactions de personnes que ça a pu aider à un moment. Beaucoup n’ont peut-être pas écouté mais juste lu les gros titres, malheureusement c’est souvent comme ça mais, en tout cas, cela a été très positif ! 

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► Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? Un film réalisé par Hélène Angel, diffusion mercredi 9 février à 21h10 sur France 2, suivie à 22h45 d’un débat animé par Julian Bugier : "Gestation pour autrui : le combat des familles" puis, à 23h40, du documentaire "PMA-GPA, les enfants ont la parole".

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Crédits photos : France 2